Royaume-Uni : un arsenal nucléaire britannique déverse de l’eau radioactive en mer

Des fuites d’eau radioactive causées par des conduites vétustes à la base nucléaire de Coulport se sont produites entre 2010 et 2022, entraînant des rejets de tritium dans le Loch Long. Restées secrètes pendant des années, ces révélations soulignent les graves manquements de maintenance et la gestion opaque du ministère britannique de la Défense.
De l’eau radioactive provenant de la base militaire de Coulport, qui abrite l’arsenal nucléaire du Royaume-Uni, a été déversée dans le Loch Long en Écosse occidentale, après plusieurs ruptures de canalisations vétustes, selon le Guardian qui cite les documents officiels divulgués. D'après l’Agence écossaise de protection de l’environnement (Sepa), la Royal Navy n’a pas correctement entretenu un réseau de 1 500 conduites d’eau, dont près de la moitié auraient dépassé leur durée de vie estimée.
La base de Coulport, hautement sécurisée et tenue secrète, stocke les ogives nucléaires destinées aux sous-marins Trident établis à proximité. Les rapports de Sepa indiquent que des défaillances de maintenance ont conduit à des fuites contenant de faibles niveaux de tritium – un élément radioactif utilisé dans les têtes nucléaires – notamment en 2010 et à plusieurs reprises en 2019, 2021 et 2022.
Un incident majeur en août 2019 a provoqué l’inondation d’une zone de traitement des armes nucléaires. L’eau contaminée s’est écoulée par un drain ouvert jusqu’au Loch Long. Bien que la radioactivité ait été jugée trop faible pour représenter un danger immédiat pour la santé humaine, Sepa a dénoncé la mauvaise gestion des équipements et la production évitable de déchets radioactifs.
Après inspection, le ministère de la Défense s’est engagé en mars 2020 à mettre en œuvre 23 mesures correctives. Cependant, deux nouvelles ruptures se sont produites en 2021, retardant encore cette mise en conformité. Sepa a constaté une lenteur préoccupante dans l’application des engagements, soulignant des failles persistantes dans la gestion des infrastructures de la base navale.
Ces fuites, longtemps tenues secrètes par le ministère britannique de la Défense pour des raisons invoquées de «sécurité nationale», n’ont été rendues publiques qu’après une bataille juridique de six ans. En juin 2025, le commissaire écossais à l’information David Hamilton a ordonné leur publication, estimant que l’enjeu principal était la protection de réputations et non la prétendue sécurité nationale. Ces révélations suscitent aujourd’hui l’indignation d’experts qui dénoncent la gravité des pollutions et le manque de transparence des autorités.