France : un ministre veut mettre fin au logement social «à vie»
Source: Gettyimages.ruVincent Jeanbrun, ministre français de la Ville et du Logement, a réitéré son intention de mettre fin au principe d’attribution «à vie» des logements sociaux en France. Un octroi de logements à bas coût pour leurs occupants et financés par la solidarité nationale, qui, pour certains ménages, peut selon lui représenter une «rente».
« Moins de 8 % de rotation dans le logement social en 2023, c’est beaucoup trop peu ». Lors d’une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD) et publiée le 16 novembre, le ministre français de la Ville et du Logement Vincent Jeanbrun a annoncé son intention de mettre un coup d’arrêt au logement social « à vie ».
Au nom de l’instauration d’une « fluidité », celui-ci s’est déclaré favorable au passage « à un bail "trois-six-neuf ans" ». « Je serais favorable à une réévaluation régulière par les bailleurs sociaux qui permettrait de s’adapter à l’évolution de la taille du foyer ou à des mutations professionnelles, et avec une meilleure mobilité d’une commune à l’autre », a ajouté Vincent Jeanbrun.
Assurant aspirer « comme une très large majorité de nos concitoyens, à une France de propriétaires », le ministre a également affirmé son soutien à la possibilité pour les occupants de HLM de pouvoir les racheter. « La perspective de devenir propriétaire honore la promesse républicaine : "L’effort et le respect mènent à l’émancipation" », a-t-il déclaré.
« Je suis favorable au fait que le logement social, ce ne soit pas à vie. Le logement social c’est une chance, pas une rente », déclarait déjà début novembre Vincent Jeanbrun sur le plateau de CNews et Europe 1. Il avait affirmé ne pas être « pour l’offrir », contrairement à ce que préconisait le député Les Républicains Philippe Juvin, au bout de 20 ans aux occupants de HLM qui respectent les règles.
Le ministre a cité un récent sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, selon lequel 71% des Français plébisciteraient l’expulsion des familles de délinquants des logements sociaux. Sur le panel de personnes interrogées, seuls les sympathisants de gauche demeuraient majoritairement en désaccord (53%) avec cette mesure, contre 70% au sein du bloc central, 89% à droite et 85% à l’« extrême droite ».
France : 2,7 millions de ménages en attente d'un HLM
« Quand vous mettez trois ans à obtenir simplement une date de procès, vous envoyez un message en faveur du délinquant qui continue à pourrir la vie des gens », a regretté Vincent Jeanbrun qui s’est prononcé pour « déjudiciariser encore plus, à l’image de ce qui a été prévu par la loi narcotrafic, en généralisant l’expulsion à toutes les infractions majeures comme les violences, agressions, vols aggravés, etc. »
« Quand on est frappé par une condamnation définitive et une mention au casier judiciaire, pour un délit qui nuit à l’usage paisible du logement ou de la résidence dans laquelle on habite, on ne doit plus bénéficier de la solidarité nationale », a-t-il encore assuré.
Un point que le ministre défendait déjà sur le plateau de CNews et Europe 1. « Quand on trafique, quand on est un voyou, je pense qu’on perd le droit à cette solidarité nationale », avait-il déclaré affirmant qu’il faut élargir les mesures d’expulsion prévues dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic.
Le nombre de logements sociaux construits en France est en diminution depuis plusieurs années. Selon les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat (USH), association représentative des organismes de HLM, la France comptait environ 5,9 millions de logements sociaux. Le coût moyen de la construction d’un tel habitat en 2023 était, selon la même source, de 169 200 euros. Toujours selon l'USH, « 2,7 millions de ménages, soit environ 5 millions de personnes » sont en attente d'un logement social.