La maire écologiste de Strasbourg suscite une polémique avec un jumelage controversé en Palestine

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, propose un jumelage avec le camp palestinien d’Aïda, gelant celui avec Ramat Gan, et déclenche une polémique. Accusée de partialité, elle défend un geste de paix, soutenu par EELV. Le vote de juin 2025 sera crucial.
Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, a annoncé un projet de jumelage entre sa ville et le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, près de Bethléem en Cisjordanie. Cette décision, soumise au vote du conseil municipal le 23 juin 2025, s’accompagne d’un « gel » du jumelage existant depuis 1991 avec Ramat Gan, ville israélienne proche de Tel-Aviv.
Ce choix a provoqué une vague de controverses en France, exacerbant les tensions autour du conflit israélo-palestinien. Le camp d’Aïda, créé en 1948, abrite environ 5 500 réfugiés, selon l’UNRWA. Jeanne Barseghian présente ce jumelage comme un « geste de solidarité » pour soutenir une « paix juste », appelant à un cessez-le-feu à Gaza, la fin du blocus et la libération des otages et prisonniers.
Une décision qui provoque l'ire du Crif
Lors de la visite d’une délégation d’Aïda le 25 mai, elle a posé avec un keffieh et une carte de la Palestine, des symboles perçus comme provocateurs par ses opposants. Les critiques fusent. Pernelle Ricardot (PS) dénonce une carte niant l’existence d’Israël, loin d’une solution à deux États. Pierre Jakubowicz (Horizons) accuse la maire de « clientélisme électoral » pour séduire l’extrême gauche, tandis que Jean-Philippe Vetter (LR) parle de « cynisme ».
Le CRIF fustige un risque d’attiser l’antisémitisme, rappelant le refus de Jeanne Barseghian en 2021 d’adopter une définition officielle de ce dernier. Les soutiens de l'élue, notamment EELV, défendent une démarche humanitaire. Une motion de décembre 2023 engageait déjà Strasbourg à collaborer avec un camp palestinien, suivant l’exemple de Lisbonne.
Carole Zielinski, adjointe écologiste, insiste sur la « justice globale ». Le projet inclut un soutien au Fonds de solidarité pour Gaza via Cités Unies France. Cette polémique s’inscrit dans un contexte tendu, avec une hausse de 300 % des actes antisémites en France au premier trimestre 2024, selon Gabriel Attal. Anne Tuaillon (AFPS) dénonce une instrumentalisation de l’antisémitisme pour discréditer la cause palestinienne.
Le précédent de Barcelone, où le jumelage avec Tel-Aviv a été rompu en 2023, montre la portée de ces décisions. À Strasbourg, Jeanne Barseghian, candidate à sa réélection en 2026, mise sur ses engagements écologiques (70 km de pistes cyclables, 3 300 arbres plantés) et progressistes, mais le vote de juin pourrait diviser davantage.