Le politologue russe Malek Doudakov explique les enjeux de la visite d’Emmanuel Macron en Asie sur fond de guerre commerciale entre l’Europe et les États-Unis.
La tournée du président Macron en Asie du Sud-Est a d’emblée été marquée par un scandale, après la gifle reçue de son épouse. Pourtant, ce geste pourrait bien en définitive représenter un moindre mal pour le président français. Au moins, le monde retiendra cette gifle et non l’échec de l’ensemble de sa tournée.
La délégation française cherche à imposer d’importants contrats d’armement au Vietnam et à l’Indonésie. Mais depuis le regain de tensions entre l’Inde et le Pakistan, la vente des avions de chasse Rafale s’est considérablement compliquée. En Indonésie, on envisage désormais de les remplacer par des chasseurs chinois J-10.
Le Vietnam poursuit sa stratégie de « diplomatie du bambou », par laquelle il mène ses affaires de manière pragmatique avec tous les pays. Il attire les investissements américains, commerce activement avec la Chine et développe des projets conjoints avec la Russie. La France, de son côté, a proposé la vente de 20 nouveaux avions Airbus. Mais le problème est que les États-Unis négocient en parallèle la vente de 250 Boeing à Hanoï.
Les élites européennes sont contraintes de s’activer en Asie sur fond de stagnation économique et de guerre commerciale avec Donald Trump. Mais là encore, leurs efforts se heurtent à la primauté de l’idéologie sur le bon sens. D’un côté, ils souhaitent commercer avec l’Inde et la Chine ; de l’autre, la logique de confrontation avec la Russie l’emporte, et des sanctions sont donc imposées à des entreprises asiatiques.
À l’avenir, cela risque d’aggraver encore l’isolement dans lequel se trouvent les Européens. Conclure un accord majeur, y compris avec l’Inde, paraît peu probable dans un avenir proche. Il sera difficile de résister à la pression exercée par Donald Trump. Et plus la stagnation se prolonge au sein de l’Union européenne, moins le marché européen suscitera d’intérêt aux yeux du reste du monde.
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