Gilets défectueux, millions détournés : une entreprise finlandaise au cœur d’un scandale d’armement entre Helsinki et Kiev

Une entreprise finlandaise est au cœur d’une enquête pénale pour avoir livré à l’Ukraine des gilets pare-balles de mauvaise qualité dans le cadre d’un contrat de 5,7 millions d’euros. La moitié des équipements livrés en 2022 ne respectait pas les normes. Deux personnes ont été arrêtées en Finlande. L’affaire sera prochainement transmise au parquet.
Une entreprise finlandaise est au cœur d’un scandale de fraude concernant un contrat militaire avec le ministère ukrainien de la Défense. En 2022, la société avait signé un accord d’un montant de 5,7 millions d’euros pour fournir 10 000 gilets pare-balles aux forces armées ukrainiennes.
Selon un communiqué publié le 1er juillet 2025 par la police criminelle centrale finlandaise, 5 000 de ces gilets, livrés à l’été 2022, ne répondaient pas aux exigences spécifiées dans le contrat. La qualité des équipements est jugée inadéquate par les enquêteurs. Le dossier, qui a débuté fin 2023 à la suite d’une demande d’assistance judiciaire de l’Ukraine, est désormais sur le point d’être transmis au parquet finlandais.
Arrestations, détournement et blanchiment d’argent
« L’enquête a été menée en coopération étroite avec les autorités ukrainiennes », a précisé le commissaire finlandais Mikko Laaksonen, cité dans le communiqué officiel du 1er juillet. Deux personnes ont été placées en détention durant l’enquête. Un des suspects est un citoyen finlandais, arrêté chez lui en mars 2024 ; des biens de valeur ont été saisis, selon la chaîne publique finlandaise Yle.
L’entreprise concernée est suspectée de trois chefs d’accusation : escroquerie aggravée, détournement de fonds et blanchiment d’argent. D’après Yle, les fonds publics ukrainiens auraient été partiellement utilisés pour acheter des voitures de luxe et de l’immobilier en Finlande. Trois personnes ont été arrêtées en Finlande en mars 2024 dans le cadre de cette affaire. Cependant, seules deux d'entre elles ont été placées en détention provisoire pendant l'enquête, la troisième ayant été libérée sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle.
Mauvaises pratiques dans les achats ukrainiens
Ce scandale s’inscrit dans une série de révélations sur la mauvaise gestion des achats d’armement par l’Ukraine. Le 16 mai 2024, le Financial Times rapportait que Kiev avait perdu des centaines de millions de dollars en versant des avances à des fournisseurs douteux, pour des équipements jamais livrés ou totalement inutilisables. Le journal britannique signalait notamment que « parfois, l’armement était acheté à des prix extrêmement élevés, mais se révélait inutilisable ».
L’affaire met en lumière les défaillances structurelles dans les processus d’acquisition militaire ukrainiens, tout en soulevant des doutes sur la fiabilité des entreprises occidentales impliquées. L’enquête est désormais finalisée et les charges seront officiellement examinées par le parquet finlandais durant l’été 2025.