Quatre mois de détention à Bakou pour le directeur et le rédacteur en chef de Sputnik Azerbaïdjan

Le directeur et le rédacteur en chef de Sputnik Azerbaïdjan, Igor Kartavykh et Evgueni Belooussov, ont été arrêtés à Bakou et placés en détention pour quatre mois. Les autorités les accusent de fraude et de blanchiment, tandis que Moscou dénonce une provocation politique et exige leur libération immédiate.
Le 1er juillet, le tribunal du district de Khataï à Bakou a ordonné le placement en détention provisoire pour quatre mois d’Igor Kartavykh, directeur du bureau local de l’agence Sputnik en Azerbaïdjan, et d’Evgueni Belooussov, son rédacteur en chef. Selon l’agence APA, ils sont poursuivis pour « escroquerie ayant causé un préjudice important », « activité entrepreneuriale illégale ayant généré un revenu en grande quantité » et « blanchiment de biens acquis par des moyens criminels ».
L’arrestation est survenue après une opération policière menée le 30 juin dans les locaux de l’agence. Le ministère de l’Intérieur a indiqué que sept employés avaient été interpellés. Les proches et les diplomates n’ont pas été autorisés à voir les journalistes. La rédactrice en chef de l'agence Rossia Segodnia, Margarita Simonian, a confirmé que « les employés ne répondaient plus aux appels ».
Moscou exige leur libération immédiate
En réaction, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Azerbaïdjan, Rakhman Moustafaïev : « au chef de la mission diplomatique d’Azerbaïdjan a été remise une note verbale exigeant la libération immédiate des journalistes russes détenus à Bakou, Igor Kartavykh et Evgueni Belooussov ». Le ministère a aussi dénoncé « des actions inacceptables des forces de l’ordre azerbaïdjanaises contre l’agence d’information russe Sputnik Azerbaïdjan et ses employés ».
Le Kremlin a exprimé sa préoccupation par la voix de Dmitri Peskov : « À Moscou, nous suivons de près les informations concernant la détention des journalistes russes à Bakou ».
Tensions croissantes entre Moscou et Bakou
Cet incident survient dans un contexte de vives tensions. Quelques jours auparavant, plusieurs ressortissants azerbaïdjanais ont été interpellés en Russie à Ekaterinbourg dans le cadre d’enquêtes sur des homicides organisés dans les années 2000. En réponse, le ministère des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan a accusé Moscou de brutalités, ce que la Russie a rejeté catégoriquement, qualifiant ces propos « d'ingérence dans ses affaires intérieures ».
Le ministère russe a également dénoncé « une campagne russophobe orchestrée dans les médias azerbaïdjanais », l’annulation d’événements culturels bilatéraux, ainsi que « la suppression de manifestations culturelles avec des artistes russes ».