Les «tarifs» de Trump, la vraie lutte contre le mondialisme

Les «tarifs» de Trump, la vraie lutte contre le mondialisme
Les «tarifs» de Trump, la vraie lutte contre le mondialisme (image générée par l'intelligence artificielle)
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Le monde s'affole à l’annonce des «tarifs» de Trump. Alors que les économistes de plateau télé et les marchés paniquent, laissons les chiffres de côté et intéressons-nous plutôt à ses motivations politiques, sans doute inspirées par… la Russie. Les explications de l'analyste géopolitique Alexandre Regnaud.

L’imposition de taxes de douane élevées, appelées « tarifs » en anglais, à des produits ou des nations s’appelle du « protectionnisme ». Comme son nom l’indique, ce modèle a pour objectif de protéger une économie contre une concurrence jugée déloyale ou déséquilibrée. C’est l’état d’esprit de Trump quand il impose « 20 % de taxes pour l'Union européenne qui nous arnaque » (sic). En imposant des droits de douane élevés, un pays rend le coût de l’importation d'un produit plus élevé que la fabrication locale de ce même produit. C’est une manière de lutter contre le « dumping social », c’est-à-dire la tentation de chercher à l’étranger de la main-d’œuvre toujours moins chère pour augmenter les profits. Elle a pour conséquence la fermeture des usines et leur déménagement à l’étranger, soit la « désindustrialisation » consécutive aux « délocalisations ». C’est le problème que rencontrent les États-Unis avec le Mexique, et le monde entier avec la Chine et l’Asie du Sud-Est. 

Une taxe de douane élevée, ou « tarif », vient ainsi annuler, voire inverser, les profits des délocalisations, incitant les industries à revenir fabriquer dans le pays d’origine et donc à créer des emplois. C’est ce que l’on appelle une « relocalisation ». C’est le cas par exemple, du constructeur automobile Honda qui annoncé le mois dernier transférer la fabrication de son modèle Civic depuis le Mexique vers l’état américain de l’Indiana. D’autres annonces identiques ont aussi été faites par Hyundai, ou dans le secteur pharmaceutique, par Eli Lilly ou Pfizer, et dans la technologie par Apple ou Compal Electronics. L’Italien Campari envisage également de fabriquer ses spiritueux directement aux États-Unis. Bref, les exemples ne manquent pas. 

Mondialisation ultra-libérale

Pourtant, les plateaux télévisés et les journaux débordent d’économistes qui prédisent l’apocalypse à la suite des annonces de Trump. Les marchés dévissent, et ce n’est pas étonnant. Vous l’aurez compris, le modèle protectionniste, donc celui mis en avant par Trump avec ses « tarifs », est l’exact opposé d’un modèle économique sans frontière, basé sur la libre circulation des marchandises sans taxes de douane. Dans ce modèle, l’argent se gagne en faisant fabriquer ses biens par une main d’œuvre semi-esclave dans des pays pauvres, pour leur faire ensuite traverser la planète sur des porte-conteneurs géants ultra polluants. Il s’agit alors de les vendre dans des pays riches à des gens désormais de plus en plus… au chômage, parce que leur usine a été délocalisée dans les pays pauvres en question, et qui vont donc les acheter à crédit, sans être sûrs, cependant, de pouvoir rembourser. Ce modèle s’appelle la mondialisation ultra-libérale, il a explosé dans les années 1990, puis il a dérivé lentement vers le mondialisme actuel, dont les meilleurs représentants sont les technocrates de l’Union européenne ou ce qu’on appelle aux États-Unis « l’État profond ». C’est un modèle clairement basé sur la prédation et qui n’est donc pas viable à long terme. D’ailleurs, le mécanisme décrit précédemment est, en très simplifié, celui ayant déjà mené à la crise de 2008 (qui fut une crise du crédit) et sous peu à la prochaine si rien ne change, beaucoup plus profonde encore comme le prouve déjà l’état inquiétant des économies européennes. Mais comme il s’agit précisément du modèle des mondialistes, on ne s’étonne pas de voir leurs porte-paroles médiatiques le défendre aussi hystériquement. 

Et on ne s’étonne pas non plus voir Trump essayer d’en sortir. On le sait plus que pro-business et profondément patriote, il n’est donc pas soupçonnable de vouloir détruire l’économie américaine ou même mondiale. En revanche, il a compris l’impasse du mondialisme, tant économiquement que politiquement et en termes de civilisation (le wokisme) et qu’il était urgent de changer de modèle avant la chute. 

Confrontation avec le modèle mondialiste

On peut également soupçonner qu’il se soit inspiré du modèle d’une économie qui s’est considérablement renforcée en sortant, ou en étant sortie, du mondialisme : la Russie ! Grace au tournant déjà amorcé suite aux premières sanctions en 2014, puis accéléré avec les sanctions accumulées depuis 2022, l’économie russe est un parfait exemple de relocalisation dans tous les domaines, de l’agroalimentaire aux très récents essais des avions de lignes MS-21 et SSJ, 100% fabriqués en Russie. Le résultat est une augmentation du revenu réel des habitants de 8,4 % en 2024 d’après le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, faisant de la Russie la 4e économie du monde d’après la Banque mondiale. 

On comprend donc que les annonces de Trump sur les « tarifs » douaniers, loin d’être fantaisistes, résultent d’une vision politique pragmatique, en confrontation directe avec le modèle mondialiste jusqu’alors dominant. Par ailleurs, l’exemple de la Russie prouve que, géré intelligemment, un tel changement peut parfaitement être une complète réussite, tant pour les États que pour leurs habitants. Reste à savoir si Trump saura maintenir son cap face aux inévitables contre-attaques d’un système en phase terminale, mais toujours menaçant. L’Occident, décidément, est face à un tournant, et si son hégémonie appartient de fait déjà au passé, reste à savoir s’il saura gérer sa chute, ou s’écroulera complètement. 

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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