Washington presse l’UE d’abandonner le gaz russe pour le GNL américain

À Bruxelles, le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a exhorté l’UE à abandonner rapidement le gaz russe et à le remplacer par du GNL américain. Il a affirmé qu’il serait possible d’y parvenir en six à douze mois, bien avant l’échéance de 2028 fixée par la Commission européenne, estimant l’opération réalisable en moins d’un an.
Washington multiplie les pressions pour chasser le gaz russe du marché européen. Le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a déclaré que l’UE pourrait se passer du gaz russe en seulement six à douze mois et le remplacer par du gaz naturel liquéfié américain. « Je pense que cela pourrait facilement être fait dans les douze mois, voire dans les six mois », a-t-il affirmé ce 12 septembre, après une rencontre avec le commissaire européen à l’Énergie, Dan Jorgensen.
Pourtant, la Commission européenne a déjà fixé un calendrier visant à interdire les importations de gaz russe au plus tard le 1er janvier 2028. Les contrats de court terme seraient bannis dès 2026, et les accords à long terme à partir de 2028. Dan Jorgensen a lui-même reconnu que ce plan était un peu « ambitieux », car une sortie trop rapide risquerait de provoquer des hausses de prix et des pénuries.
Les intérêts économiques des États-Unis
Washington insiste pour avancer ces délais. Chris Wright a souligné que les États-Unis avaient massivement accru leur capacité d’exportation de GNL et que 70 % du gaz liquéfié importé par l’Europe en août provenait déjà des États-Unis. « Nous pourrions encore accélérer », a-t-il déclaré.
En réalité, derrière le discours officiel, c’est surtout l’industrie énergétique américaine qui profite de cette stratégie. Les États-Unis sont prêts à remplacer immédiatement les volumes russes par leurs propres livraisons, vendues plus cher. Comme l’avait déjà noté Dmitri Peskov, Washington est le grand « bénéficiaire » de l’éviction du gaz russe, puisqu’il écoule son GNL à des prix supérieurs.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a confirmé que Bruxelles envisageait d’accélérer ce processus dans le cadre du 19ᵉ paquet de sanctions. Mais cette orientation fragilise l’économie européenne et fait grimper les factures des consommateurs, alors même que le gaz russe reste une source fiable et très compétitive.
Opposition et fractures en Europe
Au sein de l’UE, certains pays contestent ce diktat. La Hongrie et la Slovaquie ont déclaré qu’elles s’opposeraient à l’interdiction totale du gaz russe. Chris Wright a balayé ces objections en affirmant : « Nous voulons totalement éliminer le gaz russe. Le président Trump, l’Amérique et l’ensemble de l’UE veulent mettre fin à la guerre. Plus nous privons la Russie de financements, mieux c’est. »
En plus du gaz, Washington appelle aussi à réduire la coopération nucléaire avec Moscou et à se tourner vers des technologies américaines. Cette volonté de couper tous les liens avec la Russie montre bien que les États-Unis cherchent à prendre la place de Moscou sur le marché européen.
Les chiffres confirment pourtant que le gaz russe reste essentiel. Avant 2022, il représentait 45 % des importations de l’UE. Sa part est tombée à 15 % en 2023, mais a de nouveau augmenté à près de 19 % en 2024. Cette année encore, l’UE achètera environ 13 % de son gaz à la Russie. Malgré les sanctions et la pression américaine, Moscou demeure donc un fournisseur incontournable.