Trente patients empoisonnés, dont douze morts : le procès hors du commun de l’anesthésiste français Frédéric Péchier

Depuis septembre 2025, Frédéric Péchier, ancien anesthésiste, est jugé à Besançon pour trente empoisonnements présumés, dont douze mortels. L’affaire a éclaté après l’arrêt cardiaque suspect d’une patiente en 2017, lié à un excès de potassium. Soupçonné d’avoir manipulé des perfusions pour nuire à ses collègues, il risque la perpétuité.
Depuis le 8 septembre, la cour d’assises du Doubs examine l’un des plus graves dossiers médicaux de la décennie : celui de Frédéric Péchier, ancien anesthésiste-réanimateur, issu d’une famille de médecins — son père exerçait la même spécialité —, accusé d’avoir empoisonné une trentaine de patients entre 2008 et 2017, dont douze sont décédés.
Selon l’accusation, il aurait volontairement contaminé des poches de perfusion afin de provoquer des arrêts cardiaques. L’objectif supposé : discréditer ses collègues avec lesquels il entretenait des tensions, tout en mettant en valeur ses propres compétences de réanimateur. Père de trois enfants, il a toujours clamé son innocence, sans jamais exprimer le moindre repentir. Sa ligne de défense repose sur un déni absolu de toute responsabilité. S’il est reconnu coupable, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
L’enquête s’est déclenchée le 11 janvier 2017, lors de l’intervention de Sandra Simard, 36 ans. Cette patiente, anesthésiée par la docteure Anne-Sophie Balon dans une clinique de Besançon, a été victime d’un arrêt cardiaque brutal. Inquiète, la jeune anesthésiste a transmis les données médicales au CHU, où le chef du service de réanimation, Sébastien Pili-Floury, a vite suspecté une anomalie liée au potassium. Les analyses ont confirmé une concentration cent fois supérieure à la normale. La clinique a alors alerté la justice.
D’autres cas similaires sont rapidement apparus. Plusieurs patients pris en charge dans le même établissement avaient été transférés en urgence au CHU pour être réanimés. Selon la présidente de la cour, Delphine Thibierge, ce sont ces rapprochements qui ont permis de relancer un dossier jusque-là éparpillé en enquêtes dispersées et sans suite.
Le procès, prévu jusqu’au 19 décembre, devra déterminer si Péchier fut bien le « dénominateur commun » de ces incidents. L’accusé, toujours sous contrôle judiciaire, comparaît libre. Le verdict attendu devrait clore l’un des procès les plus retentissants de l’histoire récente de la médecine française.