Le meurtre de Charlie Kirk n’est pas l’œuvre d’un «tireur fou». Pour Valentin Bogdanov, ce crime, commis à la veille d’une date hautement symbolique, est une attaque frontale contre Trump, le projet MAGA et l’avenir même de l’Amérique.
Charlie Kirk, le jeune conservateur le plus célèbre d’Amérique, est mort en faisant ce qu’il aimait le plus : s’exprimer devant des étudiants sur le campus de l’université de l’Utah Valley lors de sa séance de dialogue ouvert emblématique avec la fameuse « table des preuves », à laquelle il invitait ses adversaires à débattre de n’importe quel sujet. À 12 h 26, alors que Kirk parlait des violences commises par des personnes transgenres (dont l’une a récemment tiré sur des enfants à Minneapolis), il a été blessé au cou par balle. Malgré tous les efforts déployés pour sauver ce père de deux enfants âgé de 31 ans, il est décédé à l’hôpital environ une heure plus tard.
Le nom de Kirk restera certainement dans l’histoire de la politique américaine. Co-fondateur de l’organisation étudiante Turning Point USA, dont l’objectif est de promouvoir les valeurs conservatrices, Charlie en a fait un puissant outil de promotion et de revitalisation du mouvement MAGA. Il est lui-même devenu l’un des principaux ennemis idéologiques des libéraux. Parlant la même langue que la nouvelle génération (souvent le langage du bon sens), il a décortiqué les chimères dangereuses du mondialisme : depuis le mouvement Black Lives Matter et le soutien irréfléchi à l’immigration clandestine, jusqu’à la criminalisation et à la promotion de l’idéologie LGBT.
Les auditeurs et les abonnés de Kirk, un chrétien évangélique pratiquant, passaient tous par son « université des millions de conservateurs » : 5 millions sur X, plus de 7 millions sur Instagram et TikTok, que Trump n’a pas encore interdit aux États-Unis, notamment ou avant tout à cause de Charlie. Sans oublier son propre podcast, The Charlie Kirk Show, ainsi que le projet Professor Watchlist, visant à identifier et publier des informations sur les enseignants qu’il accusait de propager des opinions de gauche.
Kirk a commencé tout jeune à soutenir Trump : il faisait partie du Tea Party, comme on l’appelle. En 2016, il s’est exprimé lors de la Convention nationale républicaine. Mais le jeune leader conservateur de demain a vécu son vrai moment de gloire lors de la campagne électorale de 2024. À titre d’exemple, Turning Point USA a réussi à recueillir les voix de plus de 125 000 électeurs indécis, ce qui a permis à Trump d’arracher la victoire en Arizona. Autrement dit, les balles tirées sur Kirk ne visaient pas seulement Trump, qui a lui-même survécu à deux tentatives d’assassinat. Elles visaient également l’avenir du projet MAGA dans son ensemble. Et ce, à la veille d’une date sacrée pour les Américains : le 11 septembre. Une nouvelle réincarnation du terrorisme, qui a pris ces dernières années la forme d’une guerre civile gagnant en intensité aux États-Unis.
Donald Trump, qui a ordonné la mise en berne des drapeaux dans toute l’Amérique et a été le premier à annoncer officiellement la mort de Kirk, a enregistré un message depuis le Bureau ovale pour témoigner de la gravité de la perte d’un allié clé. Promettant de « retrouver chacun des auteurs de cette atrocité », le président américain accuse de la mort de Charlie la gauche radicale, qui « a comparé pendant des années d’excellents Américains comme Charlie à des nazis, aux pires assassins et criminels du monde ». La veille des coups de feu dans l’Utah, des militants palestiniens ont qualifié Trump d’Hitler en plein centre de Washington.
Quant à ces mêmes gauchistes radicaux, certains n’ont même pas songé à feindre le jour du terrible meurtre. Au Congrès, les démocrates ont fait toute une scène odieuse lorsque la républicaine Boebert a appelé à prier pour Kirk. Le gouverneur de l’Illinois, où Trump menace d’envoyer la Garde nationale, a rendu le locataire de la Maison Blanche et les participants aux événements du 6 janvier responsables de la fusillade.
Sur la chaîne libérale MSNBC, les présentateurs ont qualifié le conservateur Charlie Kirk d’homme aux visions controversées et sont presque allés jusqu’à dire qu’il l’aurait bien cherché. Certains ont même ouvertement accusé les trumpistes.
Malgré l’intervention immédiate du FBI, venu épauler la police de l’Utah, le criminel n’a toujours pas été interpellé, alors que les forces de l’ordre ont déjà arrêté deux suspects. L’un d’eux, un homme âgé, a été arrêté sur-le-champ dans le campus (selon certaines informations, il soutient le Parti démocrate et a exigé que Charlie Kirk soit abattu sur place). L’autre a été arrêté quelque part dans les environs, mais a été ensuite libéré.
Un seul coup de feu fatal, tiré à bonne distance, une fuite immédiate par les toits (seuls les vêtements noirs du tireur sont visibles sur les images), de longues recherches… Tout cela ne correspond pas à l’image d’un tireur solitaire cinglé. Mais c’est exactement ainsi qu’il est d’usage d’imaginer, aux États-Unis, Thomas Crooks, tué après la tentative d’assassinat contre Donald Trump en Pennsylvanie, et Ryan Wesley Routh, arrêté près d’un club de golf en Floride et dont le procès a, par coïncidence, commencé la veille. L’accusé, qui, pendant son procès, pose d’étranges questions au sujet d’une tortue sur la route, propose à Trump de jouer au golf et a refusé un avocat, fait tout pour maintenir son image de fou.
Avec cela, comme chacun sait, une longue piste ukrainienne s’étire derrière Routh. Il est venu plus d’une fois à Kiev, a participé aux manifestations des nazis du bataillon Azov et a même essayé de recruter. Il n’aurait jamais atteint Kirk, mais pour ce genre de pro-ukrainiens ardents (surtout avec une expérience de combat), Charlie aurait bien pu devenir une cible de choix, sinon officielle, du moins informelle. « Dans l’espace médiatique, il appelle à cesser l’aide financière américaine à l’Ukraine et critique les activités de Volodymyr Zelensky sur la scène internationale », a écrit en octobre 2024 le Centre de lutte contre la désinformation auprès du Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine.
Le régime de Kiev accusait Kirk de propager en Occident « la propagande russe », tandis que Charlie critiquait intrépidement les nazis ukrainiens et leurs parrains occidentaux. En février, il a fustigé brutalement Zelensky sur X pour son comportement lors de la rencontre à la Maison Blanche. Kirk a affirmé plusieurs fois que c’était précisément Zelensky, marionnette de la CIA, qui empêchait un accord de paix, et que sa bravade au sujet de la non-reconnaissance de la Crimée par l’Ukraine était nuisible aux négociations. Selon le jeune conservateur, les principaux bénéficiaires du conflit ukrainien sont le complexe militaro-industriel américain et ses lobbyistes, comme Lindsey Graham, que Charlie Kirk accusait aussi de saboter des initiatives de paix de Trump.
En ce sens, non seulement le comportement hideux des démocrates, qui ont perturbé la minute de silence à la Chambre des représentants, a été une gifle posthume infligée à Kirk, mais aussi le consentement tacite de ses camarades du Parti républicain, qui ont voté pour le projet de loi sur les dépenses militaires pour l’année 2026. Parmi ces dernières figurent 400 millions de dollars d’assistance militaire à l’Ukraine dans le cadre de l’Initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine (USAI). Il aurait certainement été contre.
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