Amazon s’apprête à employer plus de robots que d’humains dans ses entrepôts

Amazon a atteint un seuil historique en automatisant massivement ses entrepôts. Avec plus d’un million de robots désormais en service, la parité avec les employés humains – au nombre de 1,56 million – est presque atteinte. Cette évolution, tirée par l’intelligence artificielle, rebat les cartes du travail logistique.

Amazon vient d’annoncer avoir franchi un cap symbolique dans l’automatisation de ses entrepôts : plus d’un million de robots sont désormais déployés dans ses installations, comme précisé dans un communiqué du 30 juin 2025. Ces machines, utilisées dans plus de 300 centres de distribution à travers le monde, côtoient désormais un personnel humain qui s’élève à 1,56 million de personnes.

Près de 75 % des livraisons d’Amazon sont aujourd’hui assistées d’une manière ou d’une autre par la robotique, d’après le Wall Street Journal. Les robots assurent des tâches variées, du déplacement de colis au tri, en passant par l’emballage. Parmi les modèles déployés, on trouve Hercules, Pegasus et Proteus, mais aussi Vulcan, un robot équipé de capteurs lui conférant un « sens du toucher ».

Le recours aux robots s’inscrit dans une stratégie initiée dès 2012, année où Amazon a racheté la start-up Kiva Systems pour 775 millions de dollars. Cette acquisition a marqué le début d’une automatisation rapide, qui transforme aujourd’hui en profondeur le modèle logistique de l’entreprise.

Intelligence artificielle et gains de productivité

Amazon a également présenté DeepFleet, un modèle d’intelligence artificielle conçu pour optimiser les déplacements de sa flotte robotique. Cette technologie, intégrée à ses entrepôts, permet une réduction de 10 % du temps de trajet des robots, selon le PDG Andy Jassy : « Sur notre réseau de traitement des commandes, nous utilisons l’IA pour améliorer le placement des stocks, l’anticipation de la demande et l’efficacité de nos robots. »

Selon une analyse du Wall Street Journal, le nombre moyen d’employés par centre de distribution est tombé à 670, le niveau le plus bas depuis seize ans. En parallèle, le nombre de colis expédiés par employé est passé de 175 en 2015 à 3 870 aujourd’hui. Ces chiffres traduisent une forte hausse de la productivité et une réduction des besoins en main-d’œuvre.

Amazon insiste toutefois sur une complémentarité entre robots et employés. « Nous pensons avant tout à la robotisation pour les tâches banales et répétitives, ainsi que pour améliorer la sécurité de nos équipes », a déclaré Scott Dresser, vice-président d’Amazon Robotics. Il précise : « Le fait est que les humains sont encore très bons pour accomplir beaucoup de tâches que les robots ne font pas, et ne feront peut-être jamais. »

Une main-d’œuvre réorientée

Pour accompagner cette transformation, Amazon affirme avoir formé plus de 700 000 employés à des fonctions techniques liées à la robotique. Des métiers comme technicien en robotique ou opérateur de maintenance se sont multipliés. « De tout nouveaux métiers sont créés », affirme Yesh Dattatreya, chercheur senior chez Amazon Robotics.

Amazon teste également l’intégration de robots humanoïdes, ayant la même forme que celle du corps humain, développés par Agility Robotics, capables de soulever des charges de 16 kg et de fonctionner jusqu’à seize heures par jour. Ces robots sont actuellement utilisés pour des tâches comme le tri des conteneurs de recyclage, mais de nouveaux usages sont envisagés.

En interne, l’automatisation ne concerne pas uniquement la logistique. Andy Jassy a récemment reconnu que « nous aurons besoin de moins de personnes pour certaines tâches actuellement effectuées, et de plus pour d’autres types de fonctions. » L’entreprise prévoit ainsi une réduction de ses effectifs dans les services administratifs au profit de nouveaux postes techniques.