La France accuse un retard critique sur l’IA, alerte la Cour des comptes

Dans un rapport publié le 19 novembre 2025, la Cour des comptes pointe un «retard préjudiciable» de la France en matière d’intelligence artificielle, malgré des succès initiaux, appelant à un changement d’échelle urgent pour rattraper les leaders mondiaux et diffuser l’IA dans l’économie et la société.

Lire aussi

Poutine : L'Ukraine est dirigée par un «groupe criminel assis sur un tas d’or»

Le rapport de la Cour des comptes, dévoilé le 19 novembre 2025, met en lumière un « retard préjudiciable » de la France dans le déploiement de l’intelligence artificielle, malgré des avancées notables depuis 2018.

Les sages de la rue Cambon exhortent les pouvoirs publics à accélérer pour combler les lacunes face à la concurrence internationale.

Des succès initiaux masquant des faiblesses structurelles

La stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA), lancée en 2018, a engrangé des résultats encourageants mais insuffisants, alors que l’IA se trouve au cœur du Salon Milipol à Paris. La France est passée de la 13e à la 5e place au Global AI Index entre 2024 et 2025, se hissant au 3e rang mondial en recherche et formation avec 4 000 chercheurs. Le nombre de startups en IA a doublé depuis 2021, atteignant plus de 1 000 en 2025, avec des levées de fonds de près de 2 Md€ en 2024. Le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a rappelé que la France domine en Europe pour l’IA générative et attire des investissements étrangers, hébergeant des centres de recherche des géants mondiaux.

Pourtant, la Cour dénonce une gouvernance « complexe » et un suivi « lacunaire » des 2,4 Md€ investis entre 2018 et 2025, avec seulement 35 % des fonds de la phase 2023-2025 décaissés au 30 juin 2025. Les priorités comme la diffusion dans les entreprises, les formations et l’administration publique ont été négligées même si dans certains secteurs comme la médecine des professionnels y ont déjà recours de manière encadrée. « L’accélération et la massification escomptées n’ont pas eu lieu », regrette le rapport, soulignant un « retard » dans l’adaptation des formations initiales et continues, où les enjeux sont « considérables ». L’irruption de l’IA générative n’a pas été anticipée, et des domaines comme l’écologie ou la défense restent sous-investis. La transformation de l’action publique est « décevante », l’administration se retrouvant « globalement en retard ». Les territoires et le grand public sont oubliés, amplifiant les disparités alors même que quatre Français sur dix utilisent déjà l’IA.

Pierre Moscovici appelle à un secrétariat général à l’IA rattaché au Premier ministre pour un pilotage interministériel renforcé.

La troisième phase, lancée en février 2025, doit élargir le champ : anticiper les mutations du travail, investir dans les données souveraines, booster l’adoption par les PME via la commande publique. Cinq défis critiques émergent : formations, usages entreprises, données, composants électroniques et IA dans l’action publique. Sans cela, la France risque de rater la « révolution » IA, dont « les cinq prochaines années seront critiques ».