Les droits de douane tardent à générer l'afflux d'investissements étrangers promis par Trump dans les États américains

Pour rassurer l’opinion qui s’inquiétait de l’impact des tarifs douaniers, le président américain et son administration avaient axé leur communication sur les investissements étrangers qu’elles généreraient. Des officiels du développement économique parlent pourtant d’un ralentissement des investissements sur fond d'incertitude économique.
Lorsqu'il a imposé ses nouveaux tarifs douaniers, le président Donald Trump avait promis des milliers de milliards de dollars d'investissements étrangers qui auraient dus être injectés dans l'économie américaine. Or, selon le média américain Politico, les officiels qui œuvrent pour attirer ces investissements vers les villes et les États américains affirment que pour l’heure, aucun afflux notable de capitaux n'a été constaté.
C’est plutôt l’effet inverse qui semble se produire, affirment les responsables du développement économique et les législateurs dans plusieurs États du pays. En cause, l'incertitude alimentée par la guerre commerciale initiée par Donald Trump qui semble dissuader certaines entreprises étrangères d'investir massivement sur le marché américain, rapporte Politico.
« Conduire dans le brouillard »
Face aux inquiétudes des entreprises américaines quant aux répercussions de la guerre commerciale mondiale menée par l'administration Trump, la Maison Blanche a publié une liste actualisée d'engagements par de grandes entreprises d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Le président et ses conseillers avaient considéré cela comme une preuve de l’efficacité de la stratégie économique qui consiste à forcer davantage d'entreprises à manufacturer leurs produits aux États-Unis.
Or, pour les experts économiques, la situation est tout autre. Citée par Politico, Lee Lilley, secrétaire au Commerce de Caroline du Nord, a déclaré lors d'une interview au Select USA Summit du ministère du Commerce, le 13 mai dernier que « l'un de nos contacts m'a décrit cela comme une conduite dans le brouillard ». Il a expliqué : « Vous roulez, le brouillard tombe, vous ralentissez. Selon l'intensité du brouillard, vous pouvez vous arrêter et activer vos clignotants. Et nous avons l'impression d'être un peu dans cette situation ».
« Effet Trump », mais pas tout à fait…
Lors de sa récente visite aux Émirats arabes unis, dans le cadre d'une tournée de plusieurs jours au Moyen-Orient, Trump a évoqué une série de nouveaux investissements étrangers approchant les 12 000 milliards de dollars depuis son arrivée à la Maison Blanche. Il a affirmé :« Il n'y a jamais rien eu de tel. Nous avons atteint un niveau qu'aucun pays n'a jamais connu ».
Mais selon Politico, la Maison Blanche ne fait aucune distinction entre les annonces qu'elle prétend être le fruit de « l'effet Trump », celles qui étaient en préparation depuis des années avant d'être annoncées et celles qui résultent d’investissements que les entreprises auraient engagés indépendamment des droits de douane. Politico parle même d’annonces gonflées, dans la mesure où elles additionnent des investissements antérieurs à de nouveaux engagements.
La réalité pour les développeurs économiques est bien plus complexe, explique le média politique. Les responsables économiques américains œuvrent durant des années à nouer des relations dans l’espoir de les concrétiser un jour par des centaines, voire des milliers d'emplois bien rémunérés. Ils participent à des conférences, discutent avec des entreprises et des investisseurs étrangers, peaufinent leurs programmes de développement professionnel dans les universités et s'efforcent de créer un cadre fiscal attractif, détaille Politico.
Reculer pour mieux sauter ?
Malgré l’évolution rapide de la guerre commerciale de Trump, les officiels du développement économique local affirment que les entreprises continuent d'exprimer leur intérêt pour les investissements. Certains ont même fait état de nombreux nouveaux accords d'investissement en préparation, même s'ils tardent à prendre une décision majeure dans le contexte d'incertitude actuel.
Selon Michelle Grinnell, vice-présidente principale chargée de la croissance du marché et de l'attraction d'entreprises au Michigan, « le processus ne s'est pas complètement arrêté », expliquant son opinion par le fait que « certains de ces délais ont légèrement ralenti, notamment pour les projets qui sont peut-être plus avancés dans le processus et qui prennent un peu de temps. En revanche, nous constatons que les projets qui ont progressé et qui sont un peu plus matures se poursuivent ».
Politico a cité une prévision du cabinet de conseil Deloitte indiquant un léger ralentissement des investissements en 2025, par rapport aux 3,7 % réalisés en 2024, avant de repartir à la hausse, une fois le choc de la politique commerciale et fiscale de l'administration Trump atténué.