RDC : le Rwanda aurait commandé les rebelles du M23, selon un rapport de l'ONU

Un rapport rédigé par un groupe d’experts de l’ONU établit sans équivoque le rôle du Rwanda dans le conflit armé à l’est de la RDC. Les rebelles du M23 étaient sous commandement rwandais et bénéficiaient d’armes sophistiquées lors de leur avancée, selon le même rapport, qui a été soumis au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Rwanda a exercé un commandement et un contrôle sur les rebelles du M23 lors de leur avancée dans l’est de la République démocratique du Congo, selon un rapport confidentiel rédigé par un groupe d’experts des Nations unies, révélé par Reuters le 2 juillet.
Ce rapport détaille la formation que le Rwanda aurait fournie aux recrues du M23, ainsi que l’équipement militaire déployé par Kigali – notamment des « systèmes de haute technologie capables de neutraliser des moyens aériens » – pour donner aux rebelles « un avantage tactique décisif » sur une armée congolaise en difficulté.
Le rapport a été soumis début mai au comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC et devrait être publié prochainement, selon des diplomates.
Le M23 a progressé dans l’est du Congo, s’emparant en janvier et février des deux plus grandes villes de la région, Goma et Bukavu. Kinshasa, l’ONU et les puissances occidentales accusent le Rwanda de soutenir le M23 en lui fournissant des troupes et des armes.
Le Rwanda visait la conquête de nouveaux territoires
Le Rwanda nie depuis longtemps toute aide au M23 et affirme que ses forces agissent en légitime défense face à l’armée congolaise et aux milices hutues, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), issues du génocide rwandais de 1994.
Le rapport des experts de l’ONU indique cependant que le soutien militaire du Rwanda au M23 n’avait pas pour but principal de neutraliser les menaces des FDLR, et affirme que Kigali visait plutôt la conquête de nouveaux territoires.
Le document affirme que le Rwanda a accueilli les dirigeants d’une coalition rebelle incluant le M23 dans son centre d’entraînement de Gabiro, et utilisé les installations militaires de Nasho et de Gako pour former des recrues du M23.
L’embargo sur les armes violé par le Rwanda
Le Rwanda aurait également « considérablement augmenté » le nombre de ses troupes présentes dans l’est du Congo avant l’offensive du M23, avec une estimation prudente de 6 000 soldats rwandais actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, selon les experts.
Ces derniers accusent aussi le Rwanda de « violations flagrantes et systématiques » de l’embargo sur les armes, et estiment qu’une probable attaque à la roquette, survenue en janvier contre un véhicule blindé de transport de troupes de la MONUSCO – qui a tué un Casque bleu et en a blessé quatre – aurait été menée depuis une position militaire rwandaise.
On estime que 1 000 à 1 500 soldats rwandais étaient encore actifs dans les zones contrôlées par le M23 au moment de la rédaction du rapport, et que « plusieurs milliers » d’autres étaient positionnés le long de la frontière, prêts à intervenir. Le rapport couvre des investigations menées jusqu’au 20 avril.