Mali : Barrick Gold en conflit avec le gouvernement sur l’exploitation aurifère
![Mali : Barrick Gold en conflit avec le gouvernement sur l’exploitation aurifère](https://mf.b37mrtl.ru/french/images/2025.02/article/67aa12226f7ccc6735387fdd.jpg)
La production d’or au Mali a chuté en 2024, en raison de tensions entre le gouvernement et les compagnies minières étrangères. Barrick Gold, principal producteur du pays, fait face à des exigences de l’État, qui voudrait augmenter sa part des revenus miniers. Les négociations sont en cours, mais les exportations restent suspendues.
L’exploitation aurifère au Mali traverse une période de turbulences marquée par un bras de fer entre le gouvernement et les compagnies minières étrangères. Barrick Gold, principal producteur du pays, se retrouve au cœur des tensions, avec sa mine de Loulo-Gounkoto menacée par de nouvelles exigences de l’État malien.
Selon Reuters, la production industrielle d’or au Mali a chuté de 23% en 2024, atteignant seulement 51 tonnes, contre 66,5 tonnes en 2023. Cette baisse est en partie liée au différend opposant Barrick Gold aux autorités, qui ont saisi trois tonnes d’or de la société et arrêté plusieurs de ses employés, l’accusant de ne pas payer sa «juste part d’impôts». La compagnie, qui détient 36% de la production aurifère du Mali, a suspendu ses opérations en janvier 2024, accentuant la baisse globale de la production.
D’après l’Agence Ecofin, le gouvernement malien cherche à renégocier les conditions d’exploitation des sociétés étrangères. La nouvelle loi minière de 2023 prévoit une augmentation des taxes et une réduction de la part des entreprises privées, au profit de l’État et des investisseurs locaux. Pour Barrick, cela signifierait une diminution de sa participation dans Loulo-Gounkoto, qui passerait de 80% à 70%, avec une part supplémentaire de 5% réservée aux investisseurs locaux.
Cette volonté de contrôle renforcé s’explique par l’importance stratégique du secteur aurifère pour l’économie malienne. Malgré la baisse globale de la production, le pays reste l'un des plus grands producteurs d’or d'Afrique. Le recul s’explique aussi par une baisse des rendements dans certaines mines vieillissantes, comme Morila, désormais sous contrôle de l’État.
Si d’autres compagnies minières comme B2Gold, Resolute Mining et Hummingbird Resources ont déjà accepté les nouvelles conditions du gouvernement, Barrick Gold reste en négociation. Selon Mark Bristow, PDG de Barrick, des «progrès» sont en cours pour trouver une issue au conflit. Mais en attendant, l’exploitation à Loulo-Gounkoto est suspendue, et l’avenir de la production malienne reste incertain.
Les tensions actuelles soulignent une tendance plus large : le Mali cherche à reprendre la main sur son secteur minier et à diversifier son économie, notamment vers le lithium. Cette stratégie pourrait renforcer l’autonomie du pays à long terme.