L’UE, conçue pour siphonner ses propres ressources au profit de l’allié américain, se montre incapable de défendre les intérêts du Vieux Continent dans la guerre tarifaire lancée par Donald Trump. Pour Jacques Frantz, le match est joué d’avance : Bruxelles pliera – et les peuples paieront.
L’une des armes redoutables de Trump, dont il use et — diront certains — dont il abuse, ce sont les droits de douane.
Il est vrai que Trump, au moins en apparence, a tendance à croire que le levier de pression des droits de douane est une baguette magique capable de résoudre tant les problèmes économiques que politiques. Cependant, Donald Trump a fait des promesses de campagne, et, parmi ces promesses qu’il dispose de peu de temps pour mettre en œuvre, il y a les emplois. Or, pour créer de l’emploi, il est nécessaire de relancer l’industrie.
Aujourd’hui, le déficit commercial à combler est de 1 080 milliards de dollars, biens et services compris. Ne nous voilons cependant pas la face, car il y a de quoi être un peu sceptique sur ces chiffres, tant le monde entier consomme de services américains. Il n’est pas certain que, si on mettait dans la balance tous les systèmes d’exploitation et les logiciels de bureautique installés sur vos ordinateurs personnels, ainsi que les services sur Internet et les services de stockage de données en ligne, la balance ne serait pas moins défavorable, voire excédentaire.
Du côté européen de la table, on ne défend pas des intérêts nationaux. Le commissaire au Commerce, M. Maroš Šefčovič, est un eurocrate sans âme, passé par le Parti communiste tchécoslovaque, puis par le célèbre MGIMO de Moscou, pour finir à l’Université de Stanford. Il est à noter que, parallèlement à son poste de commissaire européen, il occupe le poste de représentant de la Slovaquie auprès des institutions européennes. Si vous y voyez un conflit d’intérêts, vous êtes sûrement complotiste, europhobe, j’en passe et des meilleures.
Toujours est-il que, si la marge de manœuvre des Européens est limitée, la volonté politique d’aboutir à un compromis avantageux pour les nations européennes l’est tout autant.
En effet, l’Union européenne, ayant été créée avec la bienveillance des États-Unis pour siphonner l’économie du Vieux Continent, on ne peut raisonnablement rien attendre de favorable aux cols bleus de ce côté-ci de l’Atlantique. En caricaturant un peu, on pourrait dire que Maroš Šefčovič a pour mission de limiter la casse pour le champagne et les Mercedes. Le reste, on s’en fiche. Quand bien même cette volonté existerait, le jeu est déséquilibré.
D’un côté, nous avons une nation qui négocie, ce qui est normal, au mieux de ses intérêts. Tandis que, de l’autre, nous avons une entité supranationale non élue qui n’a de comptes à rendre à personne. Parce que, si tel était le cas, les négociateurs européens auraient largement de quoi rabaisser le caquet de Donald. Et Dieu sait que celui qui, par hypothèse, réussirait à faire taire Trump aurait du mérite. Bref, si demain on disait aux États-Unis que Microsoft, Apple, Coca-Cola, McDonald’s, c’est 400 % de droits de douane, on entendrait une autre musique chez les cow-boys.
Il y a donc fort à parier qu’à part quelques coups de menton pour amuser la galerie, Bruxelles cèdera sur l’essentiel, pour le plus grand profit des gros industriels et des gros financiers de part et d’autre de l’océan, avec, comme d’habitude, les peuples européens comme dindons de la farce.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.