Poutine à Saint-Pétersbourg : «Ce sont les Européens qui ont rompu les liens, à eux de les reprendre»

Vladimir Poutine a affirmé que la Russie restait ouverte au dialogue avec les pays européens, mais que l’initiative devait venir d’eux. Il a accusé l’OTAN de manipulation, réitéré son ouverture à des négociations sur l’Ukraine et mis en garde contre une escalade nucléaire au Moyen-Orient, appelant à concilier les intérêts d’Israël et de l’Iran.
Les dirigeants européens qui ont rompu leurs relations avec la Russie peuvent renouer la coopération s'ils le souhaitent, a déclaré le président russe Vladimir Poutine, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, qui se tient du 18 au 21 juin.
« Il y a deux ans encore, les contacts avec Olaf Scholz et d’autres dirigeants européens étaient réguliers. Puis ils ont voulu nous infliger une défaite stratégique, et ce sont eux qui ont mis fin aux échanges. C’est donc à eux de les reprendre », a-t-il lancé aux responsables de grandes agences de presse mondiales, ajoutant que Moscou était ouverte au dialogue.
Attaque contre l’OTAN ? « Du délire »
Interrogé sur les accusations selon lesquelles la Russie s’apprêterait à attaquer les pays de l’OTAN, le président russe a balayé l’idée comme un « délire ». Il a rappelé que les pays de l’Alliance atlantique consacraient plus de 1 400 milliards de dollars à leur armement – soit « davantage que tous les pays du monde réunis ».
« Nos dépenses n’ont rien de comparable. Et c’est nous qui allons attaquer ? C’est du délire », a-t-il martelé, accusant l’OTAN de manipuler l’opinion pour justifier ses budgets militaires et masquer ses échecs économiques et sociaux.
« Il faut s’asseoir à la table des négociations » pour régler le conflit ukrainien
Sur le dossier ukrainien, Poutine a répété que Moscou a toujours privilégié une sortie négociée du conflit par des moyens pacifiques. Il a rappelé que des termes « bien plus modérés qu’aujourd’hui » avaient été proposés à Istanbul en 2022. Mais « la situation a évolué », a-t-il insisté.
Aujourd’hui, « les pertes ukrainiennes dépassent aujourd’hui les chiffres de la mobilisation », a-t-il expliqué. « Si l’Ukraine refuse de négocier, les choses pourraient empirer pour elle. Inutile de traîner en longueur, il faut s’asseoir à la table des négociations », a-t-il déclaré.
Concilier sécurité d’Israël et droit nucléaire de l’Iran
Le président russe a également évoqué l’escalade entre Israël et l’Iran, appelant à des « efforts conjoints » pour désamorcer le conflit. Il a plaidé pour une solution qui tienne compte « des intérêts sécuritaires d’Israël » et du « droit de l’Iran à un programme nucléaire pacifique ».
« C’est une question délicate », a-t-il reconnu, tout en se disant optimiste : « Une solution peut être trouvée. » Moscou, a-t-il précisé, maintient des échanges à ce sujet avec Benjamin Netanyahou et Donald Trump. Il a mis enfin en garde contre le risque d’un embrasement régional.
À la suite des frappes israéliennes sur des sites stratégiques en Iran, les deux pays échangent désormais des tirs directs ; ce qui, selon de nombreux États, notamment la Russie, menace d'entraîner une escalade au Proche-Orient.
La diplomatie russe, par la voix de Maria Zakharova, a averti : « Nous sommes à quelques millimètres d’une catastrophe nucléaire au Moyen-Orient. »