Guerre tarifaire : Trump a-t-il un plan B ?

Guerre tarifaire : Trump a-t-il un plan B ?
Guerre tarifaire : Trump compte prendre le contrôle du commerce mondial (image d’illustration générée par l’intelligence artificielle)
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Le président américain Donald Trump ne plaisantait pas. Comme promis, il a annoncé une révision de la politique commerciale à l’égard de presque tous les pays. Analyse de la guerre tarifaire par Fiodor Loukianov, rédacteur en chef du journal «La Russie dans les affaires mondiales», chercheur à l’École des hautes études en sciences économiques.

L’imposition de droits de douane dans le but de rétablir l’équilibre commercial des États-Unis avec les autres pays a ébranlé les marchés, faisant craindre une récession, voire une dépression au niveau mondial. Bien que Trump se soit rapidement mis à manœuvrer en précisant que tout restait flexible, personne n’ose prédire ce qui va se passer.

Les opinions et les pronostics ne sont généralement pas en faveur de Trump : les commentateurs sont certains que les États-Unis souffriront au moins autant que les autres. Les effets positifs pour l’économie américaine ne se feront sentir qu’à long terme. À court terme, il s’agirait plutôt d’un coup dur pour les consommateurs et la majorité des producteurs, d’une hausse de l’inflation, d’une capitalisation en déclin et ainsi de suite.

Trump est connu pour être un homme têtu et prêt à avancer sans hésiter vers ses objectifs. Laissons les experts réfléchir aux conséquences économiques, tandis que nous pouvons tenter de prédire les conséquences politiques.

Lors de la première campagne électorale de Trump en 2016, l’article du journaliste conservateur Michael Anton, The Flight 93 (Le vol 93) a fait beaucoup de bruit. L’auteur comparait les trumpistes aux passagers du quatrième avion détourné par les terroristes le 11 septembre 2001. Ce dernier s’était écrasé avant d’atteindre sa cible (sans doute la Maison Blanche), parce que les passagers avaient attaqué les pirates de l’air pour les empêcher d’arriver à leurs fins. Anton qualifiait de désastreuse la ligne politique des États-Unis, tombés à l’époque aux mains des libéraux globalistes. Et selon lui, les patriotes qui s’en étaient rendu compte auraient dû arrêter cette chute vers l’abîme, même au prix de leur vie (politique) et en étant conscients que leur tentative était fatale.

Anton a ensuite fait partie de la première administration Trump, a été déçu, mais est revenu lors de son deuxième mandat, et maintenant il prend même part aux négociations avec la Russie en tant que chef de la planification politique du département d’Etat.

Trump, avec sa ligne de conduite actuelle, semble étendre cette métaphore au monde entier (à l’époque, Anton faisait référence à la politique intra-américaine). La Maison Blanche estime que l’Amérique non seulement ne profite pas du système international actuel, mais que celui-ci conduit les États-Unis dans une impasse, en aggravant les déséquilibres. Il faut l’abolir immédiatement pour créer les prémisses d’une autre voie de développement. Sinon, tôt ou tard (mais pas dans très longtemps), les fondements de la puissance américaine commenceront à s’effondrer sous le poids des problèmes non résolus.

Beaucoup sont d’accord avec la formulation de la question. Cependant, il n’y a aucune certitude que la tactique choisie mène à sa résolution. Trump s’attend à ce que d’autres pays, pour lesquels le marché américain est extrêmement important, se précipitent pour négocier de nouvelles conditions. Et que Washington puisse dicter ce dont il a besoin. C’est bien le cas de certains États qui ne veulent pas et ne peuvent pas mener une guerre commerciale avec les États-Unis. Cependant, il y a deux principales cibles des mesures américaines qui ne peuvent pas facilement et rapidement parvenir à un accord ; la Chine et l’Union européenne. Les raisons dans les deux cas sont différentes.

La Chine est comparable aux États-Unis en termes d’échelle et de poids sur la scène internationale et revendique un rôle égal avec eux.

Il ne s’agit pas d’une puissance hégémonique, cette réalité disparaît tout simplement des affaires internationales, mais d’un contrepoids (appelons-le ainsi, par souci de clarté, bien qu’en réalité, la perception chinoise de son rôle dans le monde soit plus complexe). Il n’y a aucune raison de s’attendre à ce qu’une puissance, ayant une telle estime de soi, consente à accepter les demandes de qui que ce soit. D’autant plus que Pékin se sent assez confiant, estimant que les dommages causés à la partie américaine seront importants et que c’est Washington qui devra céder (ici il est possible que la Chine sous-estime son adversaire).

L’Union européenne fait face à un problème différent. Sa politique commerciale relève de la responsabilité de la Commission européenne, un organisme supranational. Pourtant, l’initiative américaine porte atteinte à des pays spécifiques, en particulier à l’Allemagne, le plus grand exportateur européen. Certes, la Commission fonctionne sur mandat des pays de l’UE, mais de tous les pays à la fois. De ce fait, elle n’a évidemment pas la souplesse de réaction des États qui peuvent agir rapidement et unilatéralement en cas de besoin. Il a toujours été difficile de se mettre d’accord sur une position commune et, dans la situation extraordinaire actuelle, il sera d’autant plus difficile de surmonter les intérêts nationaux, qui sont en l’occurrence l’instinct de conservation.

Il y a un deuxième facteur qui ne concerne pas la Chine. L’UE est le principal allié des États-Unis, dont elle dépend fortement sur le plan politique et militaire. Cette situation n’a jamais exclu la concurrence, mais a donné aux Américains un avantage dans tout litige. Aujourd’hui, la situation est paradoxale.

En réalité, Trump perçoit l’Europe comme un adversaire (sans équivoque au niveau économique, de manière sous-jacente au niveau sécuritaire)

En revanche, l’Europe ne peut pas percevoir l’Amérique de cette manière, car elle n’est pas sûre de pouvoir exister de manière indépendante sur les plans politique et militaire.

Pour l’instant, il semble que nous assisterons à un comportement de plus en plus belliqueux entre les États-Unis et la Chine, et à une démonstration de fermeté dans l’espoir que l’état de l’autre partie se détériore plus rapidement.

Ensuite, selon la logique des liens entre ces deux pays, il y aura une phase de négociation, mais cette fois-ci plus dure qu’auparavant.

En ce qui concerne les relations américano-européennes, les choses sont moins claires. Trump s’attend à une reddition de l’UE (plus catégorique que dans le cas de la Chine). L’Europe est traditionnellement encline à obéir, mais cette fois-ci, répondre aux exigences américaines signifiera renoncer à toute ambition, sans savoir exactement ce qu’il y aura en retour.

Trump compte prendre le contrôle du commerce mondial, régler le problème de l’Iran, résoudre le conflit ukrainien, et tout cela rapidement et immédiatement. Le pilote du « vol 93 » a du pain sur la planche.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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