Exit le protocole : «Emmanuelllll» appelle «Donalddddd» sur son téléphone perso
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Quand Donald Trump réinvente la diplomatie, les appels et messages personnels entre chefs d’État prennent le pas sur les briefings, et les flatteries informelles s’avèrent souvent plus efficaces que des heures de discussions officielles.
Le site d’information américain Politico a révélé, le 27 juillet, un détail pour le moins amusant : Donald Trump donne son numéro de téléphone personnel à de nombreux dirigeants mondiaux, les encourageant à l’appeler directement, au mépris des usages diplomatiques – une habitude remontant à son premier mandat.
Ce trait de caractère du locataire de la Maison Blanche, tout comme son goût pour les bavardages fréquents et informels, est désormais bien connu des dirigeants de nombreux pays. Selon Politico, six mois après le début de son second mandat, Trump reçoit régulièrement des appels et des messages de chefs d’État « soucieux de conserver ses bonnes grâces ». Le sujet des appels porte parfois sur des sujets d'importance mondiale, mais peut aussi ne servir qu’à flatter Trump.
Parmi ces dirigeants qui le contactent fréquemment figurent le président français Emmanuel Macron, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ou encore le Premier ministre britannique Keir Starmer.
« Passer du temps entre gars » pour obtenir de meilleurs gains politiques
Le président américain est désormais bien connu pour ses improvisations dans ses discussions en public. Ce trait ne serait pas différent du style informel de ses conversations téléphoniques, notamment avec Emmanuel Macron, comme en témoigne un responsable informé (dont l’identité n’a pas été révélée), qui a rapporté à Politico que les deux hommes se saluaient au téléphone comme s’ils « passaient du temps entre gars » (bro-ing out, en anglais).
« C'était étrangement amusant : Trump disait “Emmanuelllll” et allongeait le “L”, puis Macron répondait “Donalddddd” et allongeait le “D” », se souvient le responsable. « Et ça a fait des allers-retours », explique-t-il.
Pour des responsables étrangers, être en mesure de s'adapter au style libre de Trump pourrait améliorer les relations personnelles, et par conséquent permettre d’obtenir de meilleurs gains politiques. Selon le témoignage d’un responsable européen, lors du sommet des dirigeants de l'OTAN aux Pays-Bas, le mois dernier, Trump a annoncé avoir changé d'avis sur l'alliance après avoir rencontré des personnalités qu'il a saluées comme de « grands dirigeants ». Faisant part aux journalistes d’un sentiment « différent » au début concernant la sécurité européenne, il avait déterminé qu’elle n'était « pas une arnaque », autorisant par la suite l’augmentation de l'aide à la défense pour l'Ukraine, mais à condition que l'Europe paie la facture.
Être plus proche permet d’être « plus ferme par moments »
La relation entre Macron et Trump remonte au premier mandat de ce dernier, et pour cause : le président français est l'un des rares dirigeants mondiaux à avoir occupé l’Élysée pendant le premier mandat de Trump. Il a aussi été l'un des rares chefs d'État à exprimer publiquement son désaccord avec Trump, comme lors du sommet de l'OTAN du mois dernier, où il a pointé les droits de douane imposés par l’administration américaine sur l'Union européenne.
« Il y a un certain confort, car ils travaillent ensemble depuis un certain temps maintenant, ce qui lui permet d'être plus ferme par moments », a déclaré le responsable informé des appels entre Macron et Trump. « Mais il apprécie également la relation qu'ils ont établie, principalement dans leurs conversations privées », a-t-il ajouté.
Dans une autre illustration de la relation entre les deux dirigeants, lorsque Trump a été interrogé le 25 juillet sur l'annonce de la reconnaissance par la France de l'État palestinien, faite par Macron malgré la poursuite des hostilités israéliennes sur l’enclave assiégée de Gaza, Trump a haussé les épaules et affirmé que le président français est « un type très bien, je l'apprécie », ce qui ne l’a pas empêché d’ajouter que sa « déclaration n'a aucun poids ». Une drôle de situation concrétisant l’expression « en politique comme en amour, il n’y a ni jamais ni toujours ».
