La Finlande va se retirer de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel

La Finlande amorce officiellement sa sortie de la Convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel. Helsinki justifie cette décision par une volonté de renforcer sa défense dans un contexte de prétendue menace russe, bien que Moscou ait toujours nié toute intention hostile.
Le 1er avril, le Premier ministre finlandais Petteri Orpo a annoncé que son pays lançait les démarches pour quitter la Convention d’Ottawa de 1997, qui interdit l’usage, la production, le stockage et le transfert des mines antipersonnel. Cette décision a été prise conjointement par le président Alexander Stubb et le comité ministériel de la politique étrangère et de sécurité.
Cette convention, entrée en vigueur en 1999, a été signée par 163 États à travers le monde. La Finlande y a officiellement adhéré en 2012. Conformément aux règles du traité, un État peut s’en retirer avec un préavis de six mois auprès du Secrétaire général des Nations unies.
Le Premier ministre Orpo a justifié cette démarche par la nécessité de «mieux s’adapter aux changements de l’environnement sécuritaire». Il a reconnu l’absence de menace militaire immédiate, mais a qualifié la Russie de menace «à long terme pour l’Europe».
Le processus de retrait devrait être finalisé d’ici l’été, selon la ministre finlandaise des Affaires étrangères Elina Valtonen. Elle a précisé que les travaux législatifs nécessaires seraient menés rapidement au sein du gouvernement.
En parallèle, la Finlande a annoncé une augmentation significative de ses dépenses militaires, avec un objectif de 3% du PIB d’ici 2029, soit une hausse d’environ 3 milliards d’euros. Une réforme des forces armées est également en cours, incluant la modernisation des troupes terrestres, selon les déclarations d’Orpo.
Réactions régionales et réponse russe
Cette décision survient dans un contexte régional tendu, après des démarches similaires de la part de la Pologne et des États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), qui ont eux aussi entamé leur retrait de la convention, invoquant une détérioration sécuritaire. Сes pays envisageraient désormais de miner leurs frontières.
De son côté, la Russie a réagi avec calme. L’ambassadeur russe en Finlande, Pavel Kouznetsov, a déclaré à RIA Novosti que ce retrait ne changeait rien pour Moscou : «Ni chaud ni froid», a-t-il commenté. Il a toutefois mis en garde contre les conséquences internes d’une telle décision, estimant que ce sont les civils finlandais qui seraient exposés à des risques accrus si leur propre territoire venait à être miné.
La Russie rappelle qu’elle ne représente aucune menace et qu'au contraire c'est bien l’activité de l’OTAN à ses frontières qui est sans précédent. À ce jour, la Norvège, autre pays voisin de la Russie, a affirmé ne pas vouloir quitter la convention, regrettant au passage la décision finlandaise, selon Bloomberg.