Giorgia Meloni écarte l’envoi de troupes en Ukraine et appelle l’Europe à se coordonner avec Washington

La Première ministre italienne Giorgia Meloni refuse toute implication militaire de l’Italie en Ukraine et propose de trouver une alternative aux projets franco-britanniques. Elle insiste sur l’importance d’inclure les États-Unis dans les discussions de paix.
Le 27 mars, lors d’un sommet européen organisé à Paris en présence de Volodymyr Zelensky, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a confirmé que l’Italie ne participerait pas à une éventuelle force militaire en Ukraine. «Aucune participation nationale à une force militaire sur le terrain n’est prévue» par Rome, a-t-elle déclaré.
Alors que la France et le Royaume-Uni proposent la mise en place d’une «force de réassurance» pour garantir un futur cessez-le-feu, l’Italie prend ses distances. Meloni insiste sur la nécessité d’impliquer Washington dans toute démarche de paix. La dirigeante italienne a exprimé son souhait de voir «une délégation américaine présente à la prochaine réunion de coordination des alliés européens de l’Ukraine».
Un pont entre les États-Unis et l’Europe
Dans une interview exclusive au Financial Times publiée le 22 mars, Meloni a dénoncé comme «puéril» le débat imposant à l’Italie de choisir entre les États-Unis et l’Union européenne. Elle a rappelé que son pays «défend ses intérêts nationaux» et qu’elle-même se considérait comme un pont possible entre les deux rives de l’Atlantique. «Je suis conservatrice. Trump est un dirigeant républicain. Je suis sans doute plus proche de lui que de beaucoup d’autres», a-t-elle confié.
Plutôt que d’envoyer des soldats européens à proximité du front, Meloni propose d’étendre à l’Ukraine la clause de défense mutuelle de l’OTAN (article 5), sans pour autant intégrer Kiev à l’Alliance. D’après elle, cela serait «plus facile et plus efficace que les autres idées sur la table». Cette proposition, qu’elle juge moins provocatrice à l’égard de Moscou, viserait à offrir des garanties de sécurité en cas de nouvelle agression, sans installer de bases militaires sur le sol ukrainien.
Des divisions croissantes parmi les alliés
Les réactions à ce plan sont partagées. Certains responsables européens doutent de sa faisabilité. Mais Meloni maintient que cette approche serait plus équilibrée et moins risquée qu’un déploiement militaire occidental. Elle a également salué, lors du sommet de Paris, l’idée d’impliquer l’ONU pour surveiller un éventuel cessez-le-feu et protéger les infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles.
L’Italie, comme la Croatie, s’oppose donc clairement aux ambitions militaires portées par la France et le Royaume-Uni. Le président croate Zoran Milanovic a indiqué que Zagreb «ne sera pas impliqué en Ukraine sous quelque forme que ce soit», invoquant l’absence d’un véritable accord de paix et le refus de la Russie.
En misant sur un alignement avec Washington plutôt que sur une initiative européenne isolée, Giorgia Meloni cherche à repositionner l’Italie comme un acteur modérateur et réaliste dans le conflit ukrainien.