Damas et Beyrouth font un pas l'un vers l'autre

Alors que des affrontements avaient eu lieu au mois de mars à la frontière syro-libanaise, Damas et Beyrouth tentent de tourner la page des tensions en initiant un dialogue. Nawaf Salam et Ahmed el-Chareh ont évoqué les défis pour rapprocher les deux pays.
Le 27 mars 2025, un dialogue officiel a repris entre Damas et Beyrouth, marqué par une rencontre virtuelle entre le Premier ministre libanais Nawaf Salam et le chef du gouvernement transitoire syrien, Ahmed el-Chareh. Dans le même temps, les ministres de la Défense se sont rencontrés à Djeddah.
Cette initiative, saluée comme une tentative de désamorcer les tensions croissantes, intervient après des mois de relations glaciales et des affrontements armés à la frontière ayant secoué la région en mars. Facilitée par une médiation française dans le cadre de la visite de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth le 26 mars, cette reprise du dialogue vise à sécuriser la frontière commune et à coordonner les efforts face aux défis régionaux, notamment le retour des réfugiés syriens et la lutte contre les réseaux de contrebande.
Vers un renforcement des relations bilatérales ?
Nawaf Salam a insisté sur «une coopération renforcée pour la stabilité», tandis qu’Ahmed el-Chareh a promis des «mesures concrètes» pour apaiser les hostilités, sans toutefois détailler les engagements pris.
Ce rapprochement survient dans un climat tendu, exacerbé par des violences transfrontalières survenues entre le 17 et le 19 mars 2025. Ces affrontements, localisés près d’Aarsal au nord-est du Liban, ont opposé des milices pro-Assad basées en Syrie à des forces libanaises, faisant sept morts côté syrien et plusieurs blessés parmi les civils libanais. Damas a accusé des «groupes takfiris» liés à des tribus chiites locales, tandis que Beyrouth a pointé du doigt des loyalistes syriens tentant de déstabiliser la région. Les combats, bien que contenus grâce à une intervention diplomatique rapide, ont mis en lumière la fragilité de la frontière poreuse.
Avant cet accroc, les relations avaient montré des signes de dégel. La visite du Premier ministre libanais sortant Najib Mikati à Damas le 11 janvier 2025, la première en 15 ans, avait posé les bases d’une coopération sur les réfugiés et le commerce. Cependant, les affrontements de mars ont révélé les limites de cette entente, soulignant les rivalités internes et l’influence persistante du Hezbollah, soupçonné d’attiser les tensions pour maintenir son emprise.