Téhéran accuse Washington de recourir «de manière extrême au veto» sur Gaza
Dans une lettre adressée à Antonio Guterres et aux ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération islamique, le chef de la diplomatie iranienne déplore l'utilisation du veto américain sur la résolution de l'ONU concernant le cessez-le-feu à Gaza et accuse Israël de provoquer délibérément une famine dans l'enclave gazaouie.
À l'occasion du début du mois sacré du ramadan, dans une lettre adressée ce 13 mars au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, au secrétaire général de l'Organisation de coopération islamique (OCI) ainsi qu'à tous les chefs de la diplomatie des pays membres de l'institution, le ministre iranien des Affaires étrangères n'a pas mâché ses mots face à la position américaine à l'égard du conflit à Gaza.
«Nous assistons à l'incapacité persistante du Conseil de sécurité de l'ONU à arrêter la guerre contre la bande de Gaza et en Cisjordanie palestinienne, en raison de l'obstruction claire et délibérée des États-Unis à toute action efficace de ce conseil, en recourant «de manière extrême au veto», a martelé Hossein Amir Abdollahian, faisant référence aux trois blocages des résolutions onusiennes par Washington sur le cessez-le-feu à Gaza.
Ces accusations interviennent alors que Washington négocie une trêve à Gaza avec le Qatar et l'Égypte, Joe Biden ayant par ailleurs émis des critiques à l'égard de Benjamin Netanyahou. Les États-Unis demeurent néanmoins le premier allié d'Israël, lui livrant des armes et bloquant en effet les résolutions de cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l'ONU. Vivement critiquée au Moyen-Orient, la politique américaine se révèle ambiguë.
«L’arrêt immédiat des attaques militaires contre la bande de Gaza et la recherche d’une issue à la situation désastreuse actuelle sont absolument urgents et nécessaires», a-t-il ajouté.
Téhéran accuse Israël de vouloir relocaliser les Gazaouis
Le chef de la diplomatie iranienne s'en est également pris à l'État hébreu, l'accusant de poursuivre un «génocide dans la bande de Gaza et à Rafah». Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, «le régime israélien» empêche «d'apporter de l'aide humanitaire et de la nourriture à la bande de Gaza», provocant de facto une famine à l'échelle du territoire gazaoui.
Hossein Amir Abdollahian a de surcroît insisté sur l'objectif sous-jacent de l'opération israélienne, à savoir selon lui «de relocaliser de force les habitants de la bande de Gaza et de la Cisjordanie vers les pays voisins». Il a ajouté que la politique de l'État hébreu visait à détruire «la nation et l'identité palestinienne». Le chef de la diplomatie iranienne a de fait conseillé aux Nations unies de recourir à «l'article 99», qui permet au secrétaire général d'attirer l'attention du Conseil de sécurité sur n'importe quel problème menaçant la sécurité internationale. Un dispositif qualifié de «pilier essentiel» par le ministre iranien.
Netanyahou persiste
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré le 12 mars en visioconférence aux délégués de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) réunis à Washington qu'Israël remporterait cette guerre «quoi qu'il en coûte». Pour ce faire, les forces de Tsahal devraient selon lui «détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah, sans quoi le Hamas se regroupera pour reconquérir Gaza et nous serons alors de retour à la case départ». Concernant les victimes civiles, le chef du Likoud s'est justifié en précisant : «Vous ne pouvez pas dire que vous vous opposez à la stratégie du Hamas consistant à utiliser des civils comme boucliers humains, et ensuite blâmer Israël pour les victimes civiles qui sont le résultat de cette stratégie du Hamas.»
Malgré des pourparlers au Caire du 3 au 7 mars, les différents partis n'ont pas réussi à trouver un accord pour arriver à une trêve avant le début du mois de ramadan.