Rima Hassan appelle à un changement de ton dans les relations franco-algériennes

Lors d'une intervention au Parlement européen, Rima Hassan a appelé la France à abandonner son ton paternaliste et néocolonial envers l’Algérie. Elle critique une attitude héritée du colonialisme, notamment sur la migration et les droits des militants.
Lors d’une intervention remarquée au Parlement européen, l’eurodéputée insoumise Rima Hassan a exhorté la France à revoir sa posture à l’égard de l’Algérie, dénonçant un ton jugé paternaliste et teinté de néo-colonialisme. Selon elle, les relations entre les deux pays, marquées par un passé douloureux, souffrent de l'attitude française qui perpétue une forme de supériorité héritée de l’époque impériale.
Rima Hassan a pointé du doigt les discours officiels et les politiques migratoires qui, selon elle, traitent l’Algérie et d’autres anciennes colonies comme des entités subordonnées, incapables de gérer leurs affaires sans l’approbation ou l’ingérence de Paris. « L’Algérie n’est plus une colonie », a-t-elle lancé, s’adressant directement aux « descendants de colons » qu’elle accuse de nier les crimes passés.
Le ton paternaliste de la France
Cette critique s’inscrit dans un contexte de tensions renouvelées, notamment après la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, perçue par Alger comme une provocation. Rima Hassan a déploré une diplomatie française qui, sous couvert de coopération, impose des exigences – comme le rapatriement des migrants sous OQTF – sans respecter la souveraineté algérienne.
Elle a également évoqué le sort des militants et journalistes algériens emprisonnés, appelant à un soutien désintéressé plutôt qu’à une posture humiliante. Pour elle, ce paternalisme néocolonial se retrouve dans le traitement de l’ensemble du continent africain, où la France est souvent accusée de maintenir une influence économique et culturelle dominante, notamment via des accords hérités de la Françafrique.
L’eurodéputée suggère à la France de s’inspirer de l’exemple algérien en adoptant une approche plus humble, notamment en reconnaissant pleinement les séquelles coloniales. Elle propose que l’Algérie, en graciant ses prisonniers d’opinion, montre une hauteur morale face aux « bassesses » françaises, renforçant ainsi sa dignité postcoloniale.
Cette prise de position a suscité des réactions contrastées : certains saluent un appel à une relation égalitaire, tandis que d’autres y voient une instrumentalisation politique. Quoi qu’il en soit, elle met en lumière un débat plus large sur la décolonisation des mentalités, où la France est régulièrement interpellée pour son incapacité à abandonner une rhétorique tutélaire envers ses anciens territoires. Ce ton paternaliste se manifeste aussi dans les discours sécuritaires, où l’Algérie est souvent présentée comme une source de problèmes migratoires plutôt que comme un partenaire souverain.