Inégalités record en France : Macron face à un défi social majeur

L’Insee révèle une hausse alarmante de la pauvreté en 2023, avec 9,8 millions de Français sous le seuil de pauvreté. Emmanuel Macron, critiqué pour son bilan, promet des mesures pour réduire les inégalités, mais les moyens restent flous.
Le 7 juillet 2025, l’Insee a publié un rapport accablant : en 2023, 9,8 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté (1 288 euros mensuels pour une personne seule), soit 15,4 % de la population, un record depuis 1996.
#Pauvreté | En 2023, le taux de pauvreté augmente fortement (15,4 % après 14,4 % en 2022). 9,8 millions de personnes résidant dans un logement ordinaire en 🇫🇷 métropolitaine vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit 650 000 personnes de + qu'en 2022
— Insee (@InseeFr) July 7, 2025
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Les inégalités ont également atteint un pic, avec un écart de revenus entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres multiplié par 4,5, proche des niveaux des années 1970. Cette situation, marquée par une hausse de 650 000 personnes pauvres en un an, met sous pression Emmanuel Macron, dont la lutte contre la pauvreté était une priorité affichée depuis 2017, alors que l’Observatoire des inégalités alertait déjà sur ce phénomène en juin.
Le « président des riches » face à son bilan
Le président, souvent qualifié de « président des riches » par ses détracteurs, fait face à un bilan sévère. Selon l’Insee, le niveau de vie médian a atteint 2 150 euros mensuels en 2023 (+0,9 % en euros constants), porté par un marché de l’emploi favorable et des revalorisations du salaire minimum.
Cependant, les 10 % les plus riches ont vu leur niveau de vie croître de 2,1 %, grâce aux rendements financiers et à l’exonération de la taxe d’habitation, tandis que les 30 % les plus modestes ont subi une baisse, particulièrement marquée pour les 10 % les plus pauvres (–1 %).
Cette divergence s’explique par l’arrêt des aides exceptionnelles de 2022 (indemnité inflation, prime de rentrée) et une revalorisation des aides au logement inférieure à l’inflation (+4,9 %).
Les familles monoparentales sont particulièrement touchées, avec 34,3 % sous le seuil de pauvreté (+2,9 points), malgré la revalorisation de l’allocation de soutien familial en 2022.
#Pauvreté | La pauvreté touche plus particulièrement les chômeurs, les familles monoparentales et les enfants.
— Insee (@InseeFr) July 7, 2025
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Le taux de pauvreté des enfants a grimpé à 21,9 % (+1,5 point). Le phénomène des « travailleurs pauvres » s’accentue (8,3 % des actifs, +0,6 point), comme l’évoquait un rapport du Secours catholique à l’automne 2024, tout comme celui des chômeurs (36,1 %, +0,8 point), affectés par la réforme de l’assurance chômage.
Les retraités, avec un taux de pauvreté de 11,1 % (+0,3 point), restent moins touchés grâce à la réforme des retraites.
Une réalité encore plus sombre ?
L’Insee souligne que ces chiffres, limités à la France métropolitaine en logement ordinaire, sous-estiment la réalité : en 2021, 2 millions de personnes supplémentaires (outre-mer, sans-abri, institutions) étaient pauvres. Nicolas Duvoux, du CNLE, alerte sur une « dynamique de hausse » de la précarité, exacerbée par la précarisation du travail et l’essor des microentrepreneurs aux revenus faibles.