Condamnation de Marine Le Pen : six Français sur dix estiment que le RN reste indemne

Condamnée à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires, Marine Le Pen voit sa candidature à la présidentielle de 2027 compromise. Pourtant, 61% des Français jugent, selon un sondage, que cette peine ne handicape pas le Rassemblement national.
Le verdict est tombé le 31 mars 2025 : Marine Le Pen, trois fois candidate aux élections présidentielles pour le Rassemblement national (RN), a été reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du FN. Le tribunal correctionnel de Paris l’a condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, une décision qui la met hors jeu pour la présidentielle de 2027, sauf succès en appel. Si les cadres du RN crient au scandale, l’opinion publique, elle, reste assez indifférente. Selon un sondage Odoxa-Backbone réalisé pour Le Figaro, six Français sur dix (61%) estiment que cette condamnation «ne constitue pas un handicap» pour le parti nationaliste.
Le RN disposerait d’une image solide auprès de ses électeurs
Ce résultat, surprenant au vu de la gravité de la peine, s’explique par la solidité de l’image du RN et la popularité intacte de ses leaders. Jordan Bardella, pressenti pour prendre le relais en cas d’empêchement de Marine Le Pen, bénéficie d’une cote de 44% (+2 points en un an), tandis que Marine Le Pen stagne à 42% et que le RN progresse à 41% (+3 points). Parmi les sympathisants RN, le constat est similaire : 57% ne voient pas dans cette décision un frein pour leur parti, et 25% y perçoivent même «un atout», une opportunité de «tourner la page Le Pen» pour une nouvelle dynamique incarnée par Bardella.
Loin de susciter un tollé, le jugement est accueilli majoritairement avec sérénité par l’opinion. Ainsi, 65% des Français se disent «pas choqués» par la sentence, et 54% considèrent que Marine Le Pen a été «traitée comme n’importe quel justiciable». Pour ces derniers, cette affaire démontre que «la démocratie fonctionne bien». Un contraste saisissant avec les sympathisants RN, dont 80% dénoncent une justice biaisée. Cette polarisation reflète les fractures habituelles de l’électorat, mais elle n’entame pas la résistance du parti dans les sondages.
Le RN semble donc sortir indemne, pour l’instant, de ce séisme judiciaire. Marine Le Pen, malgré sa mise à l’écart potentielle, conserve la confiance de 96% de ses sympathisants, tandis que le président du parti Jordan Bardella culmine à 99%. Cette fidélité, couplée à une base électorale qui ne fléchit pas, montre que le parti a su se construire une assise solide, au-delà des déboires personnels de sa candidate historique. Si l’appel de la condamnation reste en suspens, l’avenir politique du RN apparaît, aux yeux des Français, préservé, porté par une alternance générationnelle déjà bien acceptée.