Défense : la France envisage de doubler ses dépenses militaires

Défense : la France envisage de doubler ses dépenses militaires Source: Gettyimages.ru
Des soldats marchent devant le Louvre à Paris, France.
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Face au désengagement progressif des États-Unis de la défense européenne, la France envisage une augmentation massive de son budget militaire. Le gouvernement explore différentes options de financement, alors que l’opinion publique semble favorable à cet effort financier.

Le budget de la Défense en France pourrait connaître une hausse sans précédent. Le 9 mars, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que la France envisageait de doubler ses dépenses militaires, passant de 50 milliards d’euros actuellement à près de 100 milliards d’euros d’ici 2030. «Ce que nous proposons, ce ne sont pas des efforts de guerre, mais des efforts de défense et de dissuasion», a-t-il affirmé.

Cette augmentation budgétaire s'inscrit dans un contexte marqué par le retrait progressif des États-Unis du théâtre européen sous la présidence de Donald Trump. Le président américain a clairement exprimé son intention de réduire l’implication américaine dans la défense européenne et de laisser aux Européens eux même la charge de leur sécurité. Face à cette situation, l’UE tente de renforcer sa propre industrie de Défense et de limiter sa dépendance aux États-Unis, bien que cela semble difficile à court terme.

Le président Emmanuel Macron a, lui aussi, insisté sur la nécessité de renforcer l’effort militaire. Lors d’une réunion avec les partis politiques, il a évoqué la possibilité de porter le budget de la Défense à 5% du PIB, contre environ 2,1% aujourd’hui. Une telle évolution permettrait, selon lui, à la France de disposer de capacités militaires modernes et dissuasives. Cependant, cette vision est loin d’être partagée par tous. L’ancien colonel des troupes de marine Peer de Jong, aujourd’hui vice-président de l’institut Themiis, a déclaré sur Franceinfo : «On a réalisé qu'on était plutôt un nain militaire qui ne pouvait pas agir dans le domaine diplomatique».

Un financement sous tension

Une question centrale demeure : comment financer cette augmentation ? L’exécutif a écarté l’option d’une hausse d’impôts. Parmi les solutions envisagées figure la création d’un livret d’épargne spécial Défense, permettant aux Français d’investir directement dans l’armement tout en bénéficiant d’un placement sécurisé. Toutefois, cette option reste incertaine et suscite des débats, notamment quant à l’utilisation des livrets d’épargne existants, comme le Livret A.

D’autres options sont également explorées à l’échelle continentale. Bruxelles a dévoilé un plan de réarmement baptisé ReArm, destiné à mobiliser 800 milliards d’euros pour la Défense européenne. Une partie de ces fonds pourrait bénéficier directement aux États membres, dont la France.

Une opinion publique divisée

Selon un sondage réalisé le 6 mars par Ipsos pour La Tribune du Dimanche, 68% des Français se déclarent favorables à une hausse du budget de la Défense. Une autre enquête de CSA pour CNews et Le JDD indique que 59% des Français accepteraient même des coupes budgétaires dans d’autres domaines pour financer cette augmentation. Toutefois, ces chiffres cachent des disparités : les sympathisants du gouvernement sont les plus enclins à soutenir cet effort, tandis que l’opposition reste sceptique face à cette stratégie coûteuse.

L’inquiétude sur les menaces géopolitiques pèse également dans l’opinion. Le Nouvel Obs rapportait le 8 mars qu’un autre sondage réalisé par Destin Commun révèle que 76% des Français se disent préoccupés par l’avenir sécuritaire du continent.

Une autonomie stratégique encore lointaine

L’effort de réarmement français et européen s’accompagne de défis structurels. Malgré les discours sur l’indépendance militaire, la réalité est bien différente : les pays européens continuent d’acheter massivement du matériel américain. Les États-Unis ont fourni 64% des armes importées en Europe entre 2020 et 2024 selon le Sipri.

En France, une partie des experts estime que l’armée manque encore des moyens nécessaires pour répondre aux menaces modernes. Peer de Jong, cité par Franceinfo, rappelle que «faire une armée, c'est entre 10 et 20 ans». De plus, le maintien d’un modèle d’armée complète et technologiquement avancée implique des investissements lourds, ce qui pourrait lourdement peser sur l’économie nationale.

Entre impératif budgétaire et nécessité stratégique, la France devra arbitrer ses objectifs. L’augmentation du budget de la Défense semble être une priorité pour l'exécutif, mais ses modalités de financement et ses conséquences sur d’autres secteurs publics restent des questions ouvertes.

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