«Le commerce avec l’Afrique, ce n’est pas Minecraft» : le message du Nigeria au Nord global

Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a averti, le 22 octobre, que le commerce avec l’Afrique ne doit pas être traité comme un simple jeu visant à exploiter ses ressources naturelles. Selon lui, les relations doivent reposer sur le respect mutuel et soutenir le développement du continent.
Lors d’une interview accordée le 22 octobre, à l’occasion du sommet Reuters NEXT Gulf, à Abou Dhabi, Yusuf Tuggar, ministre nigérian des Affaires étrangères, a souligné la nécessité pour les pays développés de revoir leur approche commerciale avec l’Afrique.
« Il est important que le Nord global et les pays développés n’adoptent pas une approche Minecraft », a-t-il expliqué, en référence au célèbre jeu vidéo dans lequel les joueurs explorent un monde en cubes pour y extraire des matériaux, construire des structures et fabriquer des outils.
« Parfois, c’est comme dans ce jeu : il y a du pétrole, du gaz, des minéraux rares. On met un peu d’investissement ici et là. Non, ce n’est pas ainsi que ça doit se passer. L’engagement doit être fondé sur le respect mutuel, des intérêts partagés et sur le fait que l’Afrique doit se développer. »
L’Afrique ne doit pas être traitée comme une source de matière première
Pour Yusuf Tuggar, traiter l’Afrique uniquement comme une source de matières premières entretient des problèmes persistants, tels que l’immigration irrégulière et d’autres défis socio-économiques. « Si l’Afrique ne se développe pas, ces enjeux continueront de peser sur le continent et au-delà », a-t-il ajouté.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 230 millions d’habitants et exportateur majeur de pétrole, fait face à des défis structurels importants, notamment un déficit énergétique chronique. Selon le ministre, le pays est moins affecté par les droits de douane américains que d’autres nations grâce à son marché intérieur et à la diversité de ses partenaires commerciaux. « Nous avons un très grand marché interne et un vivier de talents plus important que d’autres pays. Et nous pouvons, bien sûr, commercer avec d’autres pays, ce que l’administration de Bola Tinubu cherche à accentuer : l’autonomie stratégique », a-t-il précisé.
Pour le ministre, les relations commerciales du Nigeria ne sont pas guidées par l’idéologie, mais par des intérêts nationaux. « Nous commerçons avec les États-Unis, la Chine, le Brésil et l’Inde. Notre attention n’est pas centrée sur un axe particulier, surtout dans un monde multipolaire », a-t-il ajouté.