Éthiopie : le Programme alimentaire mondial contraint de suspendre l’aide alimentaire pour 650 000 femmes et enfants en mai prochain

À court de financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) va devoir interrompre une aide vitale pour 650 000 femmes et enfants éthiopiens souffrant de malnutrition en mai, et à un million de réfugiés au mois de juin.

Dans un communiqué rendu public dans la journée du 22 avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) a alerté contre la progression de la faim et la malnutrition en Éthiopie, indiquant que l’aide vitale fournie par l’organisation onusienne était « gravement entravée par un manque critique de financement ».

Cette situation risque de faire perdre l'aide alimentaire aux 3,6 millions personnes les plus vulnérables en Éthiopie, et notamment « le traitement de la malnutrition pour 650 000 femmes et enfants » dès le mois de mai prochain à cause du manque du financement, a déploré l'organisation.

Le PAM a imputé l’insécurité alimentaire aux conflits qui font rage dans les pays voisins de l’Éthiopie et aux conditions climatiques extrêmes causant une sécheresse sévère dans le pays.

10 millions de personnes menacées par le spectre de la faim

Selon le PAM, la faim et la malnutrition affectent un total de plus de 10 millions de personnes en Éthiopie. Les conflits et le climat extrême avaient contraint 3 millions de personnes au déplacement. L’organisation a aussi fait savoir que « 4,4 millions de femmes enceintes et allaitantes et d’enfants ont besoin de soins ». La même source a aussi indiqué que l’émaciation infantile a dépassé le seuil d’urgence de 15 % dans les régions de Somali, d’Oromia, du Tigré et d’Afar.

Pour la région du Tigré, la guerre civile meurtrière de deux ans, entre 2020 et 2022, qui s’est déroulée entre les forces fédérales et les rebelles du Front de libération du peuple Tigré, avait coûté la vie à au moins 600 000 victimes et causé le déplacement massif de près d’un million de civils.

Pour sa part, la région Somali, dans l’est éthiopien, fait face au risque d’une nouvelle sécheresse, alors qu’elle vient à peine de souffrir d'un manque sévère de précipitations entre 2020 et 2023, l’une des périodes de sécheresse les plus longues que la région avait jamais subies.

Pour ne rien arranger, les conflits qui se déroulent actuellement dans des pays voisins augmentent encore plus les besoins humanitaires en Éthiopie. Le PAM, qui assiste déjà 800 000 réfugiés en Éthiopie, dont 100 000 réfugiés soudanais, s’attend à l’arrivée de 10 000 réfugiés supplémentaires à travers la frontière soudanaise, dans un contexte d’escalade des combats.

Des difficultés à faire parvenir les aides alimentaires

L’augmentation de la violence et des activités criminelles, notamment dans la région d’Amhara perturbent gravement les opérations humanitaires du PAM et menacent par conséquent l’acheminement des aides à plus d'un demi-million de personnes vulnérables dans la région, explique l’organisation.

Pour le mois de juin suivant, c’est au tour d’un million de réfugiés d’être privés d'aide alimentaire en espèces et en nature « si des fonds supplémentaires ne sont pas reçus et si le nombre de personnes fuyant les violences au Soudan du Sud continue d'augmenter », a déclaré le PAM qui subit un déficit de financement de 222 millions de dollars américains pour la période entre avril et septembre 2025.