Lavrov : «Les États-Unis n’ont toujours pas répondu à nos propositions d’Alaska»

Moscou reste dans l’attente d’une réponse claire des États-Unis aux propositions formulées par Vladimir Poutine lors du sommet d’Anchorage. Dans une interview au Kommersant, Sergueï Lavrov a rappelé que la Russie avait accepté un plan concret transmis par Washington et que la balle est désormais dans le camp américain.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a détaillé dans une longue interview au journal russe Kommersant les résultats du sommet russo-américain qui s’est tenu le 15 août à Anchorage. Il a rappelé que le président Vladimir Poutine avait présenté à cette occasion une réponse officielle à une proposition remise en amont par l’envoyé spécial américain Stephen Witkoff. Cette proposition, selon Lavrov, visait à traiter les causes profondes du conflit, en particulier l’élargissement de l’OTAN et le sort des populations vivant sur les territoires contestés.
D’après le ministre, Moscou s’est dite prête à appliquer cette proposition, jugée « réaliste et constructive », et attend désormais une réaction claire de la part de Washington. Lavrov a affirmé que les discussions menées en Alaska avaient permis de « clarifier les positions » et d’ébaucher une voie vers la désescalade. « Trump a dit qu’il devait consulter ses alliés. Nous attendons toujours leur réponse », a-t-il déclaré.
Les pressions de Zelensky et de l’Europe
Dans son entretien, le chef de la diplomatie russe a dénoncé les pressions exercées sur le président américain par ses partenaires européens et par Volodymyr Zelensky, qu’il accuse de vouloir « détourner Trump de sa propre politique ». Il a qualifié d’« ultimatums grossiers » les demandes publiques visant à faire adopter à l’administration Trump une ligne plus dure contre la Russie.
Concernant les annonces faites par Donald Trump sur de possibles livraisons de missiles Tomahawk à l’Ukraine, Sergueï Lavrov a précisé que ces déclarations « ne touchaient en rien ce qui a été discuté à Anchorage ». Selon lui, il s’agit d’une manœuvre pour saboter les efforts de dialogue initiés lors du sommet. Une telle décision, a-t-il averti, « aurait des conséquences désastreuses » pour les relations bilatérales. Il a aussi noté que Trump, malgré ses propos, aurait reconnu qu’il ne souhaitait pas d’escalade.
Le ministre a également fustigé les déclarations ouvertement russophobes de plusieurs dirigeants européens, comme le chancelier allemand Friedrich Merz ou le président finlandais Alexander Stubb, qu’il accuse de vouloir étendre le conflit.
Désarmement, dialogue et silence ukrainien
Sergueï Lavrov a abordé la question du traité START (DSNV), qui expire en février 2026. La Russie, a-t-il rappelé, s’est engagée à respecter volontairement les limites prévues par le traité et attend un engagement équivalent des États-Unis. « Nous avons eu des échanges positifs avec des représentants du département d’État et du Conseil de sécurité nationale, mais aucune réponse officielle ne nous est encore parvenue », a-t-il précisé.
En ce qui concerne le processus de négociation sur l’Ukraine, Lavrov a révélé que Moscou avait proposé une réforme du processus d’Istanbul, avec la création de trois groupes de travail (politique, militaire et humanitaire) et une revalorisation du niveau des délégations. Il a indiqué que cette proposition avait été bien accueillie par Trump à Anchorage, mais qu’aucune suite n’a été donnée ni par Washington ni par Kiev. « Comme pour les discussions d’Alaska, nous attendons une réponse », a-t-il conclu.