Cour des comptes : 257 millions engloutis dans un logiciel pénal policier inadapté et inutilisable

Cour des comptes : 257 millions engloutis dans un logiciel pénal policier inadapté et inutilisable© police-nationale.interieur.gouv.fr
Un policier devant des écrans d'ordinateur.
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La Cour des comptes fustige un fiasco numérique au ministère de l’Intérieur : 257,4 millions d’euros dépensés depuis 2016 pour un outil de rédaction de procès-verbaux toujours défaillant avec des lourdeurs bureaucratiques et un défaut de surveillance patent.

La Cour des comptes dénonce un fiasco numérique au ministère de l’Intérieur : 257,4 millions d’euros ont été dépensés depuis 2016 pour un outil de rédaction de procès-verbaux défaillant. Le document, révélé par le journal Le Monde, met en exergue l’échec de la hiérarchie à développer un outil efficace pour la police. La généralisation du logiciel, prévue après 2028, est qualifiée d’ambitieuse par la Cour des comptes.

Un fiasco aux racines bureaucratiques

C’est une affaire dont se serait bien passé l’exécutif alors que le bilan sécuritaire d’Emmanuel Macron est très majoritairement pointé du doigt par les Français.

L’ordonnance, un document de plus de 500 pages consulté par Le Monde, met en cause seize responsables initiaux, dont six pourraient être sanctionnés pour « défaut d’organisation et de surveillance ». Parmi eux, deux directeurs généraux de la police nationale (2014-2020), un général de gendarmerie et deux secrétaires généraux du ministère de l’Intérieur.

Ces griefs relèvent de la « violation des règles de contrôle budgétaire », sans pour autant engager de poursuites pénales immédiates même si un recours en appel reste possible devant le Conseil d’État. L’histoire du logiciel, né en 2014 sous le nom de LRPPN, est un catalogue d’échecs. À peine déployé, il est jugé « unanimement inadapté », nécessitant 17 clics pour exporter un PDF, bloquant tout fichier image supérieur à 5 Mo et rendant les preuves judiciaires « inexploitables ».

La gendarmerie, dotée d’un outil plébiscité, refuse la coopération en 2016, invoquant des « rivalités interpersonnelles » et des tensions « de niveau cour d’école ». Le projet, rebaptisé LRP/NG, puis Scribe en 2017 après un vote participatif des policiers (1 737 suffrages, où LRP l’emporte mais Scribe est choisi pour son évocation d’un « lettré égyptien »), s’enlise dans un empilement de comités : stratégique, pilotage, coordination... Le comité mensuel de 2016 ne se réunit que cinq fois jusqu’en 2017. Malgré un audit de Capgemini en 2021 admettant ses défaillances, le marché public est reconduit jusqu’en 2022 pour éviter une « interruption ». Le préjudice s’élève à 257,4 millions d’euros, incluant les coûts de développement et le « temps perdu » des enquêteurs jusqu’en 2026. Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure évoque un projet « étrillé par la Cour des comptes » et regrette que le personnel, déjà éprouvé par des conditions de travail délicates, doive toujours utilisé un « outil obsolète ».

Prioritairement tourné vers les statistiques plutôt que l’aide aux rédacteurs, le logiciel ignore même la réforme des gardes à vue de juillet 2024. Le ministère, silencieux, suspend aussi sa « visioplainte » annoncée pour juin 2025. À l’heure du « foisonnement technologique » vanté par le ministre Laurent Nuñez au salon Milipol le 18 novembre, les enquêteurs luttent encore avec un outil renvoyant à l’âge de pierre numérique, fragilisant procédures et enquêtes sur viols, homicides ou cyberescroqueries.

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