Lavrov : «Il est inadmissible de continuer à utiliser le FMI et la Banque mondiale pour maintenir des pratiques néocoloniales»

Lors du sommet des BRICS, Sergueï Lavrov a dénoncé l’usage politique du FMI et de la Banque mondiale par l’Occident. Il a appelé à une réforme, alertant sur un déficit annuel de 4 200 milliards de dollars dans le financement du développement durable, qui pourrait plonger plus de 600 millions de personnes dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030.
« Il est inadmissible de continuer à utiliser le FMI et la Banque mondiale pour maintenir des pratiques néocoloniales », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors de la session du sommet des BRICS.
ll est temps de réformer et de dépolitiser les institutions de Bretton Woods, a-t-il affirmé: elles doivent refléter les rapports de force réels dans l’économie mondiale.
Pour le chef de la diplomatie russe, l’OMC souffre également de dysfonctionnements. D’après lui, le blocage prolongé de l’organe de règlement des différends ainsi que l’imposition continue de mesures discriminatoires à l’encontre des pays en développement, notamment le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE, portent atteinte au commerce international.
Sergueï Lavrov a rappelé que, sous la présidence brésilienne, un mécanisme informel de consultations sur l’OMC avait été mis en place en 2024 au sein des BRICS, et que celui-ci progressait avec succès. Des positions communes doivent être adoptées et des mesures concrètes mises en place.
Le ministre russe des Affaires étrangères a par ailleurs alerté sur l’aggravation des difficultés de financement du développement durable. Citant des estimations des Nations unies, il a indiqué qu’un déficit annuel de 4 200 milliards de dollars était à prévoir, et qu’en l’absence de changement de cap, plus de 600 millions de personnes risquaient de vivre dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030.
L'application à géométrie variable des principes par l'Occident
Sergueï Lavrov a souligné que les pays du Sud global, disposant de peu de ressources propres et n’ayant pas accès à des prêts à des conditions raisonnables, étaient contraints de s’en remettre à l’aide publique au développement. Or, selon lui, celle-ci est de plus en plus conditionnée par des considérations politiques imposées par les pays occidentaux.
Pour illustrer ses propos, le ministre a mentionné le prêt exceptionnel de 15,6 milliards de dollars, soit 577 % de la quote-part de l’Ukraine au FMI, accordé en 2023 à ce pays, représentant plus du tiers des engagements annuels du Fonds. Il a également évoqué les annonces de la Banque mondiale, qui depuis début 2022, a prévu près de 54 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine. Lavrov a affirmé que, combinées, ces sommes équivalaient au double du montant total que les institutions de Bretton Woods consacraient chaque année à l’ensemble des pays africains.