À l'annonce par François Bayrou du vote de confiance, le 8 septembre, pour un gouvernement macroniste «ni plus efficace, ni plus populaire», Karine Bechet examine les raisons qui ont conduit à la perte de pouvoir des Français, désormais réduits à cautionner cette dépossession.
En juillet 2025, 19% des personnes sondées étaient satisfaites de Macron, ce qui fait de lui le Président le plus impopulaire de la Ve République. Cette chute de popularité fut rapide : il a perdu 10 points depuis le mois de mai, et même au sein de son propre clan, il a perdu 12 points en un mois.
Son Premier ministre François Bayrou - le ventre mou de la République - n’est pas mieux loti, mais a au moins le mérite de rester stable dans sa médiocrité et son impopularité. Avec 12% de taux de satisfaction, il ne représente ni les Français, ni les élus. En ce sens, on peut dire qu'il est parfaitement à sa place au sein des élites dirigeantes actuelles de la France.
Le 8 septembre, pourtant, au sommet de sa détresse politique, allant toujours plus loin dans sa gouvernance impopulaire et anti-nationale, il engagera l’art. 49.1 de la Constitution. C’est-à-dire qu’il mettra en jeu la responsabilité du Gouvernement sur un vote de confiance devant l’Assemblée après une Déclaration de politique générale, portant en l'occurrence sur la question sensible de ce que Bayrou appelle « la maîtrise des finances ».
Il est vrai que la France bat tous les records de déficit public, sans que la tendance ne puisse être inversée. Comme le souligne la Cour des Comptes : « En effet, pour la deuxième année consécutive, le déficit public s’est aggravé en 2024 pour atteindre près de 175 Md€, soit 6,0 points de PIB après 5,5 points en 2023 et 4,7 points en 2022. La dette publique culmine désormais à près de 3 300 Md€ et les charges d’intérêt à 59 Md€. »
Et la France est le seul pays d’Europe dans cette situation. Au lieu de mettre en place de véritables mécanismes de relance de l’économie nationale - servant l’intérêt national donc - le Gouvernement Bayrou s'obstine à vouloir imposer un budget de rigueur, qui finirait d’étouffer le pays, sans ouvrir la voie à une relance de la productivité ou de la consommation et sans donner la moindre espérance d'une bouffée d'oxygène.
Annoncer un vote de confiance du Gouvernement dans ce contexte est une étrangeté politique certaine. En raison de la manière de compter les voix, beaucoup annoncent déjà la chute de ce gouvernement, ni plus efficace et populaire que ces prédécesseurs sous la présidence Macron.
Se serrer la ceinture pour soutenir l’économie américaine
Il est vrai que les choix budgétaires, qui reflètent les priorités politiques de ces élites, laissent perplexes. Le déficit est abyssal, les dépenses souvent injustifiées, rien ne laisse prévoir – en dehors des statistiques, bien sûr – une embellie économique dans notre pays tombée en véritable dépression et sans aucune vision stratégique propre. Ce qui n’empêche pas de prévoir une augmentation faramineuse du financement de la guerre Atlantiste en Ukraine contre la Russie, notamment par l’augmentation sensible du budget de la Défense pour suivre les injonctions américaines au sein de l’OTAN et le plan d’achat des armes américaines pour le front ukrainien. Puisqu’il est bien connu que « la paix, c’est la guerre », ce que Trump maîtrise parfaitement.
Ainsi, les Français vont devoir encore se serrer la ceinture ... pour soutenir l’économie américaine. Mais n’est-ce pas, après tout, le but de tout vassal vis à vis de son suzerain? C’est ce qui arrive lorsque l’on abandonne sa souveraineté…
Nous nous retrouvons en France dans une situation où les élites dirigeantes ne représentent plus la majorité de la population. Ce qui brise le fondement même de la logique démocratique, devant légitimer le fonctionnement des institutions étatiques. Elles représentent des forces extérieures et défendent donc logiquement des intérêts extraterritoriaux.
La réaction de Macron face à ce nouvel échec de la rentrée politique est en symptomatique. Alors que son impopularité ne cesse de baisser et que la chute de cet énième gouvernement se profile, il exclut fermement la possibilité de démissionner, osant même déclarer sans sourciller : « Présider, c'est faire ce pour quoi on a été élu et surtout ce que l'on croit juste pour le pays. Voilà ce à quoi je m'attelle depuis le premier jour et ce que je ferai jusqu’au dernier quart d'heure ».
Macron n’est pas de Gaulle, c’est une certitude. Mais ce que les Français ont encore du mal à concevoir, c’est qu’en réalité, il ne ment pas totalement. Il trompe simplement son auditoire. Macron est réellement en place pour faire exactement ce pour quoi il a été élu.
Les élites françaises reformatées et coupées du socle national
Les mécanismes politiques de la Ve République ont été dévoyés. Ils existent formellement, mais ne permettent plus ni la circulation des élites, ni l’accession au pouvoir d’une personne exprimant réellement la volonté populaire. Le problème n’est donc pas la Constitution de la Vᵉ République, ni les institutions qu’elle établit. Le réel danger vient de ces personnes, qui siègent dans ces institutions, utilisant les pouvoirs qui leur sont conférés par la Constitution contre l’intérêt de la France. Changer de Constitution ne réglera aucun problème, tant que l’on ne changera pas les élites.
Cela est dû tout d’abord à la massification de ces dernières et à leur dénationalisation. Les élites françaises ont été petit à petit reformatées, intellectuellement d’abord, puis politiquement, avant d’être coupées du socle national, pour finalement devenir des technocrates reproduisant le mode de pensée globaliste. Phagocytant l’espace politique national, ils ont fini par le vider totalement de sa substantifique moelle nationale.
Ainsi, les mécanismes politico-juridiques de circulation des élites tournent dans le vide, car il n’y a plus de place pour une alternative à ces élites, les oppositions ne concernent que les questions secondaires, pas le modèle idéologique qu’elles portent.
Les Français ont perdu le pouvoir
De ce fait, peu importent les mécanismes électoraux, les procédures parlementaires de contrôle de l’action du Gouvernement ou de mise en jeu de la responsabilité du Président, ils ne permettent qu’un changement de visage, sans n’avoir aucune incidence profonde sur le cours politique de la France.
Les Français ont perdu le pouvoir et ne sont plus là que pour cautionner cette dépossession.
C’est pourquoi Macron a pu se faire « réélire », et peut rester en place tout en conduisant une politique antinationale, dictée par des forces extérieures, et a qui il a prêté allégeance. Et tout cela n’a hélas plus rien à voir avec la France et les Français.
À l’inverse, la participation à ces mécanismes politico-juridiques formellement de gouvernance nationale contribue à légitimer l’appropriation de pouvoir opérée par ces élites anti-nationales, puisqu’ils sont détournés de leur sens initial.
Tant que les Français et leurs représentants, ceux qui ont encore une certaine idée de la France, ne remettront pas en cause le paradigme idéologique, qui détruit aujourd’hui la France de l’intérieur, rien ne changera et nous risquons à terme de disparaître.
Aucune civilisation, aucun pays, aucun peuple n’est éternel. C’est notre responsabilité. Et c’est le moment.
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