Gaza : une aide humanitaire au compte-gouttes malgré le cessez-le-feu
© Getty ImagesDepuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Gaza reçoit une aide humanitaire bien inférieure aux besoins : 94 camions par jour au lieu de 600. L’essentiel des livraisons concerne la nourriture et le carburant, mais sont encore très insuffisantes. L’ONU alerte sur une crise prolongée et des retards dus aux blocages israéliens.
Deux semaines après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, la bande de Gaza ne reçoit qu’une fraction de l’aide promise. Selon les données préliminaires de l’ONU, 1 127 camions transportant 12 135 tonnes d’aide sont entrés dans le territoire depuis le 10 octobre, bien loin des 600 camions quotidiens prévus par le plan Trump.
En moyenne, seuls 94 camions par jour atteignent Gaza, soit moins d’un sixième des besoins fixés par les Nations unies. « L’aide reste dramatiquement insuffisante », a alerté le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant une situation humanitaire « catastrophique ».
Des blocages israéliens
L’aide est coordonnée par le mécanisme onusien « UN2720 », chargé de suivre les livraisons après la levée du blocus total de deux mois imposé par Israël au printemps. Les livraisons, vérifiées sur le terrain, n’incluent ni les envois commerciaux ni ceux d’ONG privées, dont certaines controversées.
Le 16 octobre, un pic a été enregistré avec 206 camions, mais les besoins restent immenses : plus de 190 000 tonnes d’aide sont prêtes à être expédiées, encore bloquées faute d’autorisations israéliennes. À ce rythme, il faudrait plus de six mois pour tout acheminer.
Plus de 93 % de l’aide entrée dans Gaza est alimentaire. Il s'agit notamment de produits nutritionnels destinés aux enfants et aux femmes enceintes. Depuis la déclaration de famine par l’ONU fin août, que conteste Israël, près de 1 000 tonnes de denrées spécialisées ont été envoyées. Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique que ses livraisons couvrent à peine deux semaines pour un demi-million de personnes, alors que plus de deux millions d’habitants sont en détresse.
Le carburant reste également une ressource critique. Environ 164 000 litres entrent chaque jour à Gaza, contre 68 000 avant la trêve, mais les besoins réels s'élèvent à 270 000 litres quotidiens. Cette pénurie freine la distribution, la production d’eau potable et le fonctionnement des hôpitaux. Selon l’ONU, une partie de l’aide est interceptée avant d’arriver à destination, prise d’assaut par des civils affamés ou des groupes armés.