L’Espagne interdit le transit d’armes vers Israël et accentue la pression sur Netanyahou

L’Espagne interdit aux navires et avions transportant des armes vers Israël d’accoster ou de survoler son territoire, tout en imposant un embargo sur les produits des colonies. Pedro Sanchez augmente également l’aide à l’Autorité palestinienne. Israël dénonce des mesures «antisémites» et bannit deux ministres espagnoles.
Le 8 septembre, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé une série de mesures visant à intensifier la pression sur Israël en raison de son offensive militaire à Gaza. Lors d’une allocution télévisée, il a décrété l’interdiction aux navires et avions transportant des armes à destination d’Israël d’accoster dans les ports espagnols ou de survoler l’espace aérien du pays.
Cette décision, qui renforce la suspension des ventes d’armes à Israël initiée en octobre 2023, s’accompagne d’un embargo sur les produits des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et d’une augmentation de l’aide à l’Autorité palestinienne et à l’UNRWA.
« Nous espérons que ces mesures permettront d’exercer une pression supplémentaire sur le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son gouvernement afin d’atténuer une partie des souffrances qu’endure la population palestinienne », a déclaré Pedro Sanchez.
Conflit ouvert entre Tel Aviv et Madrid
L’Espagne, qui a reconnu l’État palestinien en mai 2024, se positionne ainsi comme l’une des voix européennes les plus critiques face à l’offensive israélienne, accusée de « génocide » par Madrid. La réaction israélienne a été virulente. Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a qualifié ces mesures d’« antisémites » et accusé le Premier ministre espagnol de détourner l’attention de scandales de corruption internes.
En représailles, Israël a interdit l’entrée sur son territoire aux ministres espagnoles Yolanda Diaz (Travail) et Sira Rego (Jeunesse), toutes deux issues du parti de gauche radicale Sumar, partenaire minoritaire de la coalition socialiste. L’Espagne a répondu en convoquant l’ambassadrice israélienne pour consultations.
Ces tensions s’inscrivent dans un contexte où l’Espagne a déjà bloqué plusieurs navires, comme le Maersk Denver en novembre 2024, suspectés de transporter des armes vers Israël. Sanchez a également proposé de déclarer Netanyahou, Israel Katz, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir persona non grata pour leurs « incitations au génocide ». Cette position reflète le fort soutien populaire à la cause palestinienne en Espagne, où des manifestations massives ont perturbé des événements majeurs comme la Vuelta.