La Jordanie interdit les Frères musulmans : une rupture majeure

Le royaume hachémite jordanien a pris la décision d'interdire la confrérie des Frères musulmans après l’arrestation de 16 membres présumés impliqués dans un complot visant à fabriquer des roquettes, des drones et des explosifs pour des attaques contre des cibles sécuritaires. Le principal parti d'opposition est issu de cette mouvance.
Le 23 avril 2025, la Jordanie a prononcé une interdiction totale des Frères musulmans, accusés de menacer la stabilité nationale. Une décision marquant un tournant historique dans les relations du pays avec ce mouvement influent.
Selon le ministre de l’Intérieur, Mazen al-Faraya, cette décision s’accompagne de la fermeture des bureaux, de la confiscation des actifs et de la criminalisation de toute promotion de l’idéologie du groupe. Cette mesure intervient après l’arrestation, le 15 avril, de 16 membres présumés impliqués dans un complot visant à fabriquer des roquettes, des drones et des explosifs pour des attaques contre des cibles sécuritaires.
Une interdiction lourde de conséquences
Historiquement tolérés, les Frères musulmans, fondés en Égypte en 1928, jouissaient d’un large soutien en Jordanie, notamment via leur bras politique, le Front de l’action islamique (FAI), qui a remporté 31 des 138 sièges aux élections de septembre 2024. Malgré une dissolution prononcée par la justice en 2020 pour des raisons administratives, le mouvement avait continué ses activités.
Les récentes accusations, incluant la découverte d’armes et d’une roquette prête à l’emploi, ont précipité cette interdiction. Mazen al-Faraya a dénoncé des « activités clandestines » menées « dans l’ombre », tandis que le FAI, perquisitionné le 23 avril, nie tout lien avec le complot, insistant sur son engagement pacifique.
Cette décision, saluée par des analystes comme Amer Sabaileh comme un « point de non-retour », reflète les pressions régionales contre l’islam politique, déjà banni en Égypte et en Arabie saoudite. Elle soulève des questions sur l’avenir du FAI, principal parti d’opposition, et risque d’exacerber les tensions dans un pays où l’anti-israélisme, amplifié par la guerre à Gaza, alimente la popularité de la confrérie.
Alors que la Jordanie, alliée de l'Occident, cherche à préserver sa stabilité, cette interdiction pourrait redessiner son paysage politique.