26 ans après les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie : la Serbie n’oublie pas

Le 24 mars marque le triste anniversaire du début de la campagne aérienne de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie en 1999. Vingt-six ans plus tard, les conséquences humaines, matérielles et politiques de cette opération résonnent encore en Serbie.
Le 24 mars 1999 à 19h45, les sirènes d’alerte aérienne ont retenti en Yougoslavie, marquant le début d’une campagne militaire inédite menée par l’OTAN sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU. L’ordre de lancement de l’opération fut donné par Javier Solana, alors secrétaire général de l’OTAN, au général américain Wesley Clark. En tout, 19 pays, dirigés par les États-Unis, ont participé à cette offensive de 78 jours.
Selon le ministère serbe de la Défense, cette opération a causé la mort de 2 500 civils, dont 89 enfants, et de 1 031 membres des forces armées et de la police. On compte également plus de 6 000 civils blessés, dont 2 700 enfants, ainsi que 5 173 soldats et policiers. Vingt-cinq personnes sont toujours portées disparues. L’OTAN a mené 2 300 frappes aériennes et largué environ 22 000 tonnes de munitions, dont 37 000 bombes à fragmentation interdites et des projectiles à uranium appauvri.
Les infrastructures du pays ont été gravement touchées. Près de 25 000 bâtiments résidentiels ont été détruits ou endommagés, ainsi que 470 km de routes, 595 km de voies ferrées, 14 aéroports, 19 hôpitaux, 20 centres de santé, 69 écoles et 44 ponts. Le bombardement de la Radio Télévision de Serbie quelques semaines plus tard, le 23 avril 1999, a coûté la vie à 16 personnes.
Mémoire vivante et commémorations en Serbie
À Belgrade, les autorités continuent de rendre hommage aux victimes. Cette année, une cérémonie officielle a été organisée au parc Tasmajdan en mémoire des enfants tués. Le ministre des Affaires étrangères Marko Djuric y a déposé une gerbe au pied du monument représentant Milica Rakic, une fillette de trois ans tuée lors d’un raid aérien. Le monument porte l’inscription : «Nous étions seulement des enfants».
Le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vulin a déclaré : «Les Serbes ne peuvent et ne veulent pas pardonner à l’OTAN les bombardements de 1999. Leurs mains sont couvertes de sang. Que Dieu leur pardonne, mais les Serbes ne le feront pas». Selon lui, ces événements marquent «le dernier grand crime impuni du XXe siècle».
Une position claire : ni OTAN, ni bloc militaire
Vingt-six ans plus tard, la Serbie réaffirme sa politique de neutralité militaire. «Nous ne rejoindrons ni l’OTAN, ni l’Organisation du traité de sécurité collective. Nous devons garantir nous-mêmes notre sécurité, aussi difficile cela soit-il», a déclaré Aleksandar Vulin.
Aujourd’hui encore, les effets de cette intervention sont visibles. Le nombre de cancers a augmenté d’environ 7 000 cas par an depuis 1999, avec 5 000 décès supplémentaires chaque année selon les données serbes.
En Russie, des fleurs ont été déposées devant l’ambassade de Serbie à Moscou pour marquer cet anniversaire.
Malgré les récits divergents sur les raisons de cette guerre, la Serbie continue, chaque année, de commémorer les vies brisées et les cicatrices profondes laissées par l’intervention militaire illégale de l’OTAN.