Proche-Orient : les tensions persistent à la frontière syro-libanaise

Damas et Beyrouth peinent à rétablir l'ordre à la frontière syro-libanaise. Des affrontements ont encore eu lieu dans les zones limitrophes. Les deux pays ont mobilisé leurs armées afin d'enrayer le cycle de violences qui a déjà fait plusieurs morts et de nombreux blessés.
Alors que des affrontements ont opposé des clans libanais liés au Hezbollah et la nouvelle armée syrienne, les tensions sont toujours palpables des deux côtés de cette frontière poreuse.
Des tirs à l'armes automatiques ont été entendus dans les villages limitrophes le 21 mars. En effet, depuis le début du mois de mars 2025, la frontière entre le Liban et la Syrie, en particulier dans les régions de Hermel et de la Békaa, est le théâtre d’une escalade de tensions impliquant des clans libanais chiites liés au Hezbollah et les forces du nouveau régime syrien dirigé par une coalition islamiste après la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024.
Une situation compliquée à maîtriser pour Damas et Beyrouth
Les violences, qui ont culminé autour du 16 mars, ont été déclenchées par une tentative d’infiltration de soldats syriens près d’al-Qasr, repoussée par des clans locaux. Cet incident a été suivi par l’enlèvement et l’exécution de trois militaires syriens, un acte attribué par Damas au Hezbollah, bien que le groupe chiite ait démenti toute implication. En représailles, des bombardements syriens ont visé des villages libanais frontaliers, faisant sept morts et 52 blessés côté libanais selon les autorités, tandis que l’armée libanaise a riposté sous les ordres du président Joseph Aoun.
Ces clans, souvent impliqués dans la contrebande transfrontalière, maintiennent une forte influence dans cette zone historiquement perméable. Leur lien avec le Hezbollah, ancien pilier de l’axe pro-iranien aux côtés de l’ex-gouvernement Assad, suscite la méfiance des nouvelles autorités syriennes, qui cherchent à démanteler les réseaux hérités de cette alliance.
Depuis le 17 mars, des affrontements sporadiques ont persisté, avec des tirs de roquettes et de mitrailleuses lourdes signalés par des posts sur X, visant parfois des positions de l’armée libanaise et des zones civiles, même en l’absence du Hezbollah. Le ministère syrien de la Défense a affirmé travailler en coordination avec l’armée libanaise pour sécuriser la frontière, tout en ciblant des positions présumées du Hezbollah près de Baalbek-Hermel.
Ce 22 mars, RFI a rapporté que la population syrienne, notamment dans la province de Homs, exprimait une frustration croissante face à ces incidents, perçus comme une menace à la stabilité naissante du pays. Au Liban, l’armée a renforcé son déploiement, mais sa capacité à juguler les milices reste limitée, tandis que des figures comme le mufti chiite Ahmad Kabalan continuent de défendre le rôle historique du Hezbollah. Ces tensions soulignent les défis d’un Liban fragilisé et d’une Syrie en reconstruction, où les rivalités entre clans, milices et forces étatiques risquent de prolonger l’instabilité régionale.