Liban : vers un désarmement complet du Hezbollah ?

Après la guerre contre l'État hébreu et l'imposition d'un cessez-le-feu non favorable au Hezbollah, le conseil des ministres libanais a soulevé la question du désarmement de la milice chiite. Un sujet que l'organisation pro-iranienne semble prête à mettre sur la table.
Au cours du Conseil des ministres du 13 mars, les ministres affiliés aux Forces libanaises (FL), ainsi que le ministre de la Justice, Adel Nassar, proche des Kataëb, ont pris la parole avec fermeté, plaidant pour l’établissement d’un calendrier précis afin d’initier le désarmement du Hezbollah.
Ces ministres ont exhorté le gouvernement à agir rapidement en élaborant une feuille de route sans délai. L'Orient-Le Jour rapporte qu’un ministre du Hezbollah a simplement formulé une «objection de forme», jugeant le timing inapproprié. «Le Hezbollah cherche à maintenir un statu quo en détournant l’attention vers d’autres priorités, comme les réformes internes», analyse Charles Jabbour, porte-parole des FL.
Le Hezbollah se questionne
Une autre interprétation suggère que le parti chiite conditionnerait toute concession sur son arsenal à des avancées en matière de réforme politique ou à l’ouverture du dossier de la reconstruction des régions ravagées par la guerre. Quoi qu’il en soit, un prochain Conseil des ministres se tiendra «bientôt» pour discuter de ce calendrier.
Pour les FL, il est urgent d’agir sans plus tergiverser. Le désarmement des milices, prévu dans les accords de Taëf en 1989 qui ont mis fin à la guerre civile libanaise, avait été saboté à l’époque par «le partage d’influence entre l’Iran et la Syrie sur le Liban», souligne Charles Jabbour.
De son côté, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, admet que «l’État doit assumer la responsabilité» de la mise en œuvre de la résolution 1701, reconnaissant implicitement le principe du désarmement de son parti et l’entrée dans une nouvelle phase. Cependant, il ne semble pas prêt à abandonner l’idée de «résistance».
«Cette nouvelle étape ne remet pas en cause nos principes, mais adapte nos méthodes», a-t-il déclaré le 9 mars lors d’une interview sur la chaîne al-Manar, affiliée au Hezbollah. Parallèlement, le parti se dit ouvert au dialogue sur la question des armes et appelle à des discussions pour élaborer une stratégie de défense nationale – une position ambiguë, également alimentée par son soutien iranien. «Le Hezbollah agit avec une détermination renforcée. La résistance palestinienne, elle, peut dicter ses termes dans les négociations», a affirmé le 13 mars Ali Khamenei, guide spirituel de la République islamique d’Iran.