Ukraine : Trump en quête de ressources rares en échange d'une aide militaire
Donald Trump a proposé un accord à l’Ukraine, offrant une aide militaire en échange d’un accès à ses terres rares. Selon le Financial Times, cet accord s’inscrirait dans la stratégie ukrainienne pour renforcer ses liens avec Washington. Olaf Scholz a critiqué cette idée, jugeant égoïste d’utiliser ces ressources pour financer la défense du pays.
Le président américain Donald Trump continue à promettre monts et merveilles à ses compatriotes, cette fois-ci en réclamant les ressources ukrainiennes. Il a déclaré que son administration souhaitait conclure un accord avec l'Ukraine pour obtenir un accès à ses ressources en terres rares en échange d'une aide militaire.
«Nous allons essayer de passer un marché avec l'Ukraine. Les terres rares et d'autres biens serviront de caution à ce que nous leur donnons», a-t-il affirmé le 3 février à la Maison Blanche. Il a ajouté : «Il nous faut une garantie, nous leur envoyons de l'argent à la pelle».
Financial Times, quotidien britannique, a indiqué que cette proposition semblait s'aligner sur une stratégie que l'Ukraine développait pour approfondir ses liens avec l'administration Trump, permettant aux États-Unis d'accéder à des minéraux critiques utilisés dans les industries de haute technologie.
Une source proche de Volodymyr Zelensky a déclaré au Financial Times que les propositions de Donald Trump correspondaient au «plan de victoire» qui lui avait été présenté à l'automne par le régime de Kiev. Toujours d’après cette source, l'Ukraine avait offert au président américain des «conditions spéciales» pour la coopération sur les ressources clés.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a vivement critiqué cette offre de Donald Trump. Ce «serait très égoïste» d’utiliser les ressources de l’Ukraine pour financer l’aide à sa défense, a déclaré Scholz après un sommet européen informel à Bruxelles.
D’après Tagesschau, quotidien allemand, le chancelier a suggéré que l'Ukraine soit en mesure de financer ses propres besoins : «La question est que l’Ukraine puisse financer sa reconstruction», un objectif majeur, compte tenu de l’ampleur des destructions. Les ressources du pays seront nécessaires pour payer la restauration après le conflit.
Pour Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, si les conditions ont changé, la nature des livraisons d’armes reste la même : «Si l’on appelle les choses par leur nom, il s’agit d’une offre d’achat de l’aide, c’est-à-dire de ne plus la fournir gratuitement, mais de la fournir sur une base commerciale. Il serait mieux, évidemment, de cesser de fournir cette aide et de contribuer ainsi à mettre fin au conflit».
Le ministère ukrainien de la Protection de l'environnement et des Ressources naturelles a indiqué que le pays possède 5 % des réserves mondiales totales de «matières premières critiques», y compris les éléments de terres rares. Les terres rares sont un groupe de 17 métaux, dont 15 lanthanides, ainsi que le scandium et l'yttrium.
L'US Geological Survey répertorie 50 minéraux critiques pour l'économie et la sécurité nationale. Sa liste comprend le manganèse, le lithium, le titane, le nickel, le graphite, le béryllium et d'autres.
L'Ukraine est un fournisseur clé de métaux des terres rares, dont le titane, le lithium, le béryllium, le manganèse, le gallium, l'uranium, le zirconium, le graphite, l'apatite, la fluorine et le nickel. Elle possède d'importantes réserves de métaux non ferreux : cuivre (quatrième en Europe), plomb (cinquième), zinc (sixième), argent (neuvième). Des gisements de nickel (215 000 tonnes) et de cobalt (8 800 tonnes) sont situés dans les régions de Kirovograd et de Dniepropetrovsk, qui n'ont pas été touchées par les combats. Les réserves de graphite représentent 20 % du total mondial.
Le territoire ukrainien possède les plus grandes réserves de titane d'Europe (7 % des réserves mondiales). Les minerais de titane sont essentiels pour les industries aérospatiale, médicale, automobile et marine.
Depuis le début de l'opération militaire spéciale, l'Ukraine a perdu le contrôle de deux de ses quatre gisements de lithium.