Pour son premier voyage officiel, le nouveau dirigeant syrien se rend en Arabie saoudite
Ahmed el-Chareh, dirigeant par intérim de la Syrie post-Assad, s'est rendu en Arabie saoudite pour son premier voyage officiel. Damas compte sur Riyad pour la reconstruction du pays et sur les bonnes relations du royaume avec Washington pour obtenir la levée des sanctions.
Après la valse des délégations à Damas, venues prendre contact avec les nouveaux maîtres de la Syrie, le dirigeant Ahmed el-Chareh s'est rendu en Arabie saoudite le 2 février.
Ce premier déplacement est aussi depuis septembre 2009 le premier voyage officiel d’un chef d’État syrien en Arabie saoudite effectué à l’invitation du royaume, contrairement aux dernières visites du dirigeant déchu, qui avaient eu lieu dans le cadre de la Ligue arabe. Ahmed el-Chareh a rencontré le prince héritier et homme fort du royaume, Mohammed ben Salmane (MBS).
Future concurrence entre l'Arabie saoudite et la Turquie ?
Les autorités syriennes comptent sur les riches pays du Golfe pour financer la reconstruction et aider au redressement de l’économie en Syrie, asphyxiée par les sanctions internationales et ravagée par près de 14 années de guerre civile. Poids lourd du monde arabe, l’Arabie saoudite, monarchie sunnite, a félicité le 30 janvier Ahmed el-Chareh pour sa nomination et lui a souhaité «succès et réussite».
Ahmed el-Chareh avait déclaré fin décembre à la chaîne saoudienne al-Arabiya que le royaume jouerait «certainement un rôle important» dans l’avenir de la Syrie, évoquant «une grande opportunité d’investissements». Il avait révélé qu’il était né en Arabie saoudite, où travaillait son père, et qu’il y avait passé les sept premières années de sa vie.
La Syrie attend sans doute de l’Arabie saoudite qu’elle use de ses bonnes relations avec les États-Unis, d’autant plus après l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, pour tenter d’influer sur une levée des sanctions qui étouffent son économie et menacent à terme la stabilité du nouveau pouvoir.
L’Arabie saoudite deviendra-t-elle le nouveau parrain de Damas ? Du côté de Riyad, l'objectif d'un rapprochement avec la Syrie pourrait surtout être de contrebalancer l’influence de la Turquie et du Qatar, à qui elle dispute de longue date le leadership sunnite régional.
Lors de son voyage en Suisse en janvier dernier, le chef de la diplomatie syrienne Assaad el-Chibani avait vanté le modèle saoudien et son plan de modernisation économique Vision 2030.