La Pologne déplore l’inaction de Kiev au sujet du massacre de Volhynie
Le ministre polonais des Affaires étrangères a critiqué l'Ukraine pour l'absence de progrès dans l'exhumation des victimes du massacre de Volhynie de 1943, perpétré par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne contre des Polonais. Il a appelé Kiev à autoriser ces travaux et a averti qu’un manque de coopération pourrait influencer son adhésion à l'UE.
Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères, a exprimé sa déception quant à l'absence de progrès dans le dossier de l'exhumation des victimes du massacre de Volhynie, une série de violences perpétrées en 1943 par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne. Ce groupe militaire collaborant avec les nazis et opposé au pouvoir soviétique avait massacré des dizaines de milliers de Polonais, majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Lors d'une interview accordée à la chaîne polonaise TVN, Radoslaw Sikorski a rappelé que l’Ukraine avait promis des mesures concrètes avant la Toussaint, promesse restée non tenue. «Je suis déçu, car le ministre ukrainien des Affaires étrangères m'avait assuré que nous verrions des avancées sur ce sujet avant cette date. Rien n’a été fait», a-t-il déclaré.
Radoslaw Sikorski a réitéré son appel aux autorités ukrainiennes, proposant que la Pologne prenne en charge les frais de l'exhumation, ne demandant à Kiev que le feu vert pour procéder. La Pologne souhaite honorer les victimes en leur offrant une sépulture selon les traditions chrétiennes. Le ministre polonais a également averti que, sans avancées, Varsovie pourrait envisager des «mesures plus fermes». Il a en outre souligné que pour que l'Ukraine puisse rejoindre l'Union européenne, elle devra satisfaire aux attentes polonaises sur ce dossier.
Bien que l'Ukraine ait initialement entrepris des opérations de recherche et d'exhumation pour identifier les victimes du massacre de Volhynie, elle a finalement décidé de les suspendre en 2017. Cette décision faisait suite au démantèlement en Pologne d’un monument dédié à l'Armée insurrectionnelle ukrainienne, mouvement directement responsable des violences commises contre les Polonais en Volhynie. En juin 2023, Anton Drobovitch, directeur de l’Institut national de la mémoire d’Ukraine, a réaffirmé que Kiev n’autoriserait pas la reprise de ces exhumations tant que le monument ne serait pas restauré.
Le massacre de Volhynie, une série d'attaques commises entre 1942 et 1943 en Ukraine occidentale, a conduit à la mort de dizaines de milliers de Polonais, sur ordre des dirigeants de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne de l'Organisation des nationalistes ukrainiens. Selon les estimations des historiens, il aurait fait entre 50 000 et 100 000 victimes polonaises. En 2016, le Parlement polonais a officiellement qualifié ces événements de génocide.