Les revenus des ultrariches s’envolent en France
© Getty ImagesL’Insee révèle une envolée des revenus des 0,1 % de très riches, dont la croissance dépasse largement celle du reste de la population. Les inégalités se creusent fortement et la fiscalité n’a pas joué de rôle correcteur. Ces données ravivent le débat alors que le Parlement peine à s’accorder sur la réforme de l’imposition des hauts revenus.
En pleine discussion budgétaire, un rapport de l’Insee relance le débat sur la fiscalité des très hauts revenus. L’institut montre que les 0,1 % de Français les plus riches, environ 40 700 foyers, majoritairement en Île-de-France, ont vu leurs revenus croître à un rythme spectaculaire depuis vingt ans.
En 2022, il fallait déclarer au moins 463 000 euros pour entrer dans ce groupe, dont le revenu moyen atteint 1 million d’euros, tiré surtout des dividendes et revenus du capital. L’étude souligne la forte progression de ces revenus : +119 % entre 2003 et 2022, une hausse 2,6 fois plus rapide que celle du reste des foyers fiscaux, malgré les crises successives et les fluctuations liées aux réformes fiscales. Le passage à la « flat tax » en 2018 a notamment encouragé une remontée des dividendes.
Les ultrariches gagnent 167 fois plus que le quart le plus pauvre
L’écart avec les ménages les plus modestes s’est creusé dans des proportions inédites : les ultrariches gagnaient 95 fois plus que le quart le plus pauvre en 2003, contre 167 fois plus en 2022. Ce fossé croissant illustre le rôle clé joué par la flambée des marchés financiers et de l’immobilier, qui a largement bénéficié aux détenteurs de patrimoine.
Si ces foyers contribuent à hauteur de 13 % de l’impôt sur le revenu, leur taux d’imposition moyen a toutefois reculé, passant de 29,2 % à 25,7 % en vingt ans, notamment en raison de la baisse du taux marginal supérieur et de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique.
Ces constats interviennent alors que le Parlement débat de mesures visant à limiter le contournement fiscal et à rendre l’impôt plus progressif. Certaines dispositions ont été prolongées ou renforcées – contribution différentielle, réforme de l’IFI, taxe sur les holdings – mais d’autres, comme la taxe Zucman, ont été rejetées. Avec une navette parlementaire incertaine et un Sénat déterminé à freiner toute hausse d’impôt, l’issue du budget 2026 reste imprévisible.