France : l’État sans boussole, les universités abandonnées à leur sort
© Wiki commonsUn rapport sénatorial du 22 octobre dénonce l’absence de stratégie de l’État pour les universités, minées par un sous-financement chronique. Entre opacité budgétaire et débats clivants sur les frais d’inscription, les établissements peinent à assurer leur mission de service public.
Le récent rapport sénatorial, présenté le 22 octobre, met en lumière une réalité alarmante : l’État français manque d’une vision claire pour ses universités, confrontées à des défis financiers croissants.
🎓 Nos étudiants méritent mieux qu’un système universitaire en perte de vitesse qui les berce d’illusions en échecs!
— Laurence Garnier (@LGarnier44) October 23, 2025
Moins d’un étudiant sur deux obtient sa licence en 3, 4 ou 5 ans et l’Université avec sa quasi-gratuité souffre d’une image de qualité d’enseignement injustement… pic.twitter.com/sWTgjyPHhZ
Ce constat, partagé par les rapporteurs, souligne un pilotage erratique qui fragilise le système universitaire, tandis que des propositions controversées, comme la hausse des droits d’inscription, divisent les élus dans un contexte de précarité étudiante.
Un système universitaire à la dérive
Le rapport dénonce une « absence de boussole » dans la gestion des universités par l’État. « Nous constatons une grande incompréhension, voire une défiance », notent les rapporteurs, soulignant l’opacité des dotations budgétaires. En 2024, le résultat consolidé des universités est devenu déficitaire, avec une capacité d’autofinancement réduite des deux tiers depuis 2021.
Cette situation est aggravée par un pilotage erratique. Les universités construisent leurs budgets sans connaître le montant ni le calendrier des financements publics. En 2023-2024, 220 millions d’euros de dépenses salariales n’ont pas été compensés par l’État, tandis que le coût du « glissement vieillesse technicité » (550 millions d’euros selon France Universités) reste à la charge des établissements. La généralisation des financements par appels à projets, représentant un milliard d’euros en 2023, accentue la mise en concurrence et creuse les inégalités entre universités.
Certains présidents d’université ont déjà pris le parti de trouver des sources de financement ailleurs, à l’image de Stéphane Braconnier, de la prestigieuse faculté d’Assas, qui a pu affirmer dans un entretien au journal Studyrama : « L’État ne paiera pas davantage, c’est à nous de prendre notre destin en main. »
#interview
— Studyrama (@studyrama) October 17, 2025
🔵 “L’État ne paiera pas davantage, c’est à nous de prendre notre destin en main”
Une interview du président de l’Université Paris-Panthéon-Assas @AssasUniversite, Stéphane Braconnier @sbraconnier.
➡️https://t.co/o3AWyQOZV0pic.twitter.com/uOcmVSG0LM
Le débat sur la hausse des droits d’inscription, proposé dans une recommandation controversée, a exacerbé les tensions.
David Ros, sénateur PS, a retiré sa signature du rapport, dénonçant une focalisation excessive sur ce point : « Co-rapporteur de cette mission, je partage ce retrait. Pas de compromis sur l’égalité d’accès au savoir. »
Co-rapporteur de cette mission, je partage notre retrait.
— David Ros (@DavidRos_91) October 23, 2025
Pas de compromis sur l’égalité d’accès au savoir : un #enseignementsupérieur public, gratuit et émancipateur.@senateursPS@DavidRos_91@YanChantrel@KarineDaniel44https://t.co/7tKoPG0V77
Face à un sous-financement chronique, les universités sont désormais contraintes de piocher dans leurs réserves, de rationaliser leurs formations ou de trouver d’autres sources de financement. Les facultés, déjà en crise face à une liberté académique en danger, peinent à maintenir la qualité de l’enseignement et l’accès équitable à l’université.