Prison de Nouméa, 50 détenus dénoncent des conditions de détention « inhumaines »

À Nouméa, 50 détenus du Camp-Est déposent un référé-liberté pour dénoncer leurs conditions de détention inhumaines : surpopulation, insalubrité, chaleur extrême et manque d’accès aux soins. Malgré des alertes répétées, la situation reste inchangée. Ils exigent des mesures immédiates.
À Nouméa, cinquante détenus du Camp-Est, principale prison de Nouvelle-Calédonie, ont décidé de faire entendre leur voix. Sans grève ni mutinerie, mais en déposant, le 17 octobre, un référé-liberté devant le tribunal administratif. Leur objectif : dénoncer, dans une requête collective inédite, des conditions de détention jugées « indignes » et obtenir des mesures urgentes contre ce qu’ils qualifient de « traitement inhumain et dégradant ».
Construit en partie avec d’anciens conteneurs maritimes, mal isolés et surchauffés pendant l’été austral, le Camp-Est héberge 569 détenus pour seulement 414 places, soit une surpopulation de 140 %. Dans des cellules de 12 m² prévues pour deux personnes, ils sont souvent à quatre ou cinq, sans aucune intimité.
Des travaux prévus pour ... 2032
Les sanitaires sont défectueux, les fenêtres obstruées, et les nuisibles, cafards, rats, moustiques, sont omniprésents. Un de ces détenus a témoigné en décrivant cette promiscuité, où les lits s'entassent jusqu'à ne laisser aucun espace de vie.
Mais au-delà de l’insalubrité, les détenus dénoncent aussi des carences médicales graves : accès difficile aux soins, médicaments mal prescrits, et même un cas de contamination à la tuberculose. L’un d’eux raconte dans une lettre bouleversante ses craintes d’avoir contaminé ses proches, reçus au parloir. Tous évoquent une souffrance psychologique profonde, aggravée par la chaleur étouffante et l’isolement de 23 heures par jour. « On est obligés d’inonder le sol avec l’eau des toilettes pour rafraîchir l’air », a témoigné un ancien détenu.
Malgré plusieurs alertes officielles depuis plus de dix ans, dont un rapport accablant en 2011 et une condamnation de l’État en 2024 pour son inaction, les conditions de vie au Camp-Est n’ont cessé de se dégrader. Les travaux de rénovation ne sont pas prévus avant 2028, pour une livraison estimée à… 2032. Une attente insoutenable pour les détenus, comme pour les surveillants pénitentiaires eux-mêmes, qui dénoncent une « prison de la honte ».
Face à l’indifférence générale, ces 50 détenus ont choisi la voie du droit pour exiger, enfin, un traitement digne. Leur audience est prévue ce lundi 20 octobre. Pour eux, c’est peut-être la dernière chance de faire bouger les lignes.