«On se bat pour éviter un mort» : en France, un élu tire la sonnette d’alarme face au «nouveau fléau» des rodéos

Après une course-poursuite à travers son village, impliquant un jeune de 18 ans sur une moto non homologuée tentant d’échapper à la gendarmerie, un maire de l’Oise est monté au créneau dans la presse régionale. Se déclarant «révolté», il a notamment estimé que la réponse pénale face à ce «fléau» n’était «pas adaptée» en France.
« J’ai de très nombreuses plaintes d’habitants ». Dans une interview au Parisien, Renaud Bourgeois, maire de Cuise-la-Motte, une commune de l’Oise, a fait part de son ras-le-bol des rodéos sauvages dans et aux abords de son village.
« Ils font ça sur une roue sur la nationale et se filment sur les réseaux sociaux », a-t-il tonné. « Ils arrivent comme des cinglés sur la D335, montent dans la forêt à des vitesses folles et s’il y a un enfant qui traverse, il est mort c’est obligé », a poursuivi l’élu auprès du quotidien, estimant qu’« on a de la chance qu’on n’ait pas eu plus d’accidents ».
Cette intervention dans la presse régionale intervient quelques jours après une course poursuite impliquant un jeune de 18 ans, qui après un refus d’obtempérer n’a pas hésité à traverser Cuise-la-Motte avec son bolide pour tenter d’échapper à un équipage de la Gendarmerie.
« Quand il a vu les gendarmes, il s’est enfui et a emprunté le centre du village, puis une piste cyclable », a relaté l’édile « révolté » par le comportement de ce jeune repéré par les forces de l’ordre sur la N31. Interpellé dans une commune limitrophe, le chauffard s’avérait être sans permis de conduire ni brevet de sécurité routière. Quant à son véhicule, il s’agissait d’un motocross, un engin non homologué pour circuler sur les voies ouvertes au public.
Rodéos : la réponse pénale « pas adaptée », regrette le maire
« Aujourd’hui on se bat pour éviter un mort. C’est extrêmement dangereux », a déclaré Renaud Bourgeois au Parisien, déplorant une réponse pénale « pas adaptée » face à ce « nouveau fléau » qui frappe Cuise-la-Motte et les autres communes des environs.
Les maires et leurs administrés – ou encore les forces de l’ordre elles-mêmes – ne sont pas les seuls à subir, en France, les conséquences de ces rodéos dits « sauvages » ou « urbains ». « On se donne tellement toute l’année pour réussir à avoir de belles cultures, qu’à voir son travail détruit comme cela par des gens qui viennent s’amuser le week-end, c’est extrêmement frustrant », confiait en août à une équipe de TF1 un céréalier Val-d'Oise, qui estimait à 10 000 euros les pertes occasionnées depuis le début de l’année par les passages et dérapages dans son champ de motos et de quads.
À l’occasion de ce reportage, la chaîne privée avait évoqué le chiffre de « 44 000 opérations de contrôle » menées par les forces de l’ordre contre ces rodéos en 2024.
Dans un message posté début mai sur les réseaux sociaux, à l’occasion de la signature d’une circulaire enjoignant les procureurs à « faire procéder systématiquement à toutes investigations permettant la saisie des véhicules afin de permettre leur confiscation au moment du prononcé de la condamnation », le ministre de la Justice Gérald Darmanin avait appelé à « la plus grande fermeté contre le fléau des rodéos » sauvages.
En effet, la saisie du véhicule n’est pas systématique et le laps de temps entre la constatation de l’infraction et l’audience laisse le temps aux prévenus de céder ou faire disparaitre leurs véhicules afin d’éviter leur confiscation.