Laïcité dans les lycées français en Algérie : une association de parents s’insurge

Une association de parents d’élèves algériens dénonce l’application «trop stricte» de la laïcité dans les lycées français d’Alger, Oran et Annaba. Port du voile interdit, restrictions sur les pratiques religieuses : ces mesures, jugées discriminatoires, suscitent un vif débat et une plainte a été déposée.
L’Association des parents d’élèves algériens a déclenché une polémique en dénonçant, le 13 avril, une application jugée « excessive » de la laïcité dans les lycées français d’Algérie, notamment au Lycée International Alexandre Dumas à Alger, ainsi qu’à Oran et Annaba. Dans une tribune publiée par le quotidien algérien El Khabar, ces parents accusent les établissements de bafouer les libertés religieuses des élèves, majoritairement musulmans, en interdisant le port du voile, le jeûne, la prière, ou toute référence à l’islam, même dans des discussions informelles.
Ces restrictions, selon eux, contreviennent à la Constitution algérienne, qui consacre l’islam comme religion d’État et garantit la liberté de culte.
Une plainte déposée dans un contexte de tension diplomatique
Cette sortie a provoqué une onde de choc parmi les familles et les enseignants. Les plaignants, soutenus par des documents et témoignages, ont déposé une plainte auprès des autorités judiciaires algériennes, réclamant une enquête sur le respect des lois nationales et des accords bilatéraux franco-algériens. Ils exigent une « gestion équitable » des lycées, qui accueillent plus de 2 300 élèves, et appellent l’ambassade de France à revoir leurs pratiques pour éviter toute « discrimination ». Selon eux, l’accord de 2002 entre les deux pays impose l’intégration de matières comme l’histoire et l’éducation civique algériennes, souvent absentes des programmes, privant les élèves d’un lien avec leur identité culturelle.
Les critiques ne s’arrêtent pas là. Les parents dénoncent des inégalités dans l’accès aux bourses d’études, réservées, selon eux, aux élèves français, au détriment de leurs camarades algériens pourtant éligibles. Ils se plaignent par ailleurs de l’explosion des frais de scolarité, atteignant 800 000 dinars (environ 5 500 euros) par an, et des droits d’inscription au baccalauréat de 305 000 dinars (2 110 euros), des montants bien supérieurs à ceux pratiqués au Maroc ou en Tunisie. En arrière-plan de cette démarche semble planer l’ombre de l’affrontement diplomatique entre Paris et Alger illustré le 14 avril par l’expulsion de 12 agents de l’ambassade de France.
Du côté des défenseurs des lycées français, comme l’Apleiad, association historique de parents, on rejette ces accusations. « La religion n’a jamais été un problème ici », témoigne une mère d’élève, qui y voit une tentative d’importer des débats français, comme celui sur le voile. L’ambassade de France, contactée, s’est abstenue de commenter, renvoyant les questions aux « canaux diplomatiques ».
Cette controverse met en lumière un choc entre la laïcité à la française et les attentes culturelles en Algérie. Alors que la plainte suit son cours, l’issue de ce conflit pourrait redéfinir les équilibres dans la gestion des établissements français à l’étranger.