Retraites : la CGT claque à son tour la porte du conclave après les déclarations de François Bayrou

La CGT a annoncé quitter les négociations sur les retraites le 19 mars, dénonçant le refus de François Bayrou de revenir sur l’âge légal de 64 ans. Un camouflet pour le gouvernement, déjà fragilisé par d’autres défections.
Le «conclave» sur les retraites, lancé par François Bayrou en janvier, s’effrite à vue d’œil. Mercredi soir, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a annoncé sur France 2 que son syndicat quittait la table des discussions. «La CGT a décidé ce soir de quitter ces concertations», a-t-elle déclaré, pointant du doigt le Premier ministre et le patronat qui «ont définitivement enterré ce conclave». Cette décision, validée par une consultation interne, fait suite au refus catégorique de Bayrou de revenir à un âge de départ à 62 ans, une ligne rouge pour le syndicat.
Un défection qui fait suite à la menace de la CFDT de quitter la table des négociations plus tôt dans la journée et qui pourrait bien sonner le glas du conclave sur les retraites initié par le Premier ministre.
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— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) March 19, 2025
Sophie Binet annonce que la CGT se retire du conclave sur les retraites : "Le Premier ministre a trahi sa parole. Les 62 ans, c'est la question centrale." pic.twitter.com/ixT9O4Itei
Un conclave en effectifs réduits
Le fiasco s’amplifie après les départs de Force ouvrière (FO) le 27 février et de l’U2P (patronat) mardi, pour des raisons opposées. FO dénonçait une «mascarade», tandis que le syndicat patronal U2P, plaidait, lui, pour repousser l’âge légal au-delà de 64 ans. La CGT, elle, juge «inacceptable» le durcissement de François Bayrou, accusé de céder aux injonctions du Medef. «Il s’était engagé à des discussions "sans totem, ni tabou”, mais il verrouille tout», a fustigé Binet, appelant les salariés à se mobiliser jeudi aux côtés des retraités.
Lancée pour apaiser les tensions autour de la réforme de 2023, qui a porté l’âge légal de 62 à 64 ans, l’initiative du chef du gouvernement tourne au dialogue de sourds. Mardi, à l’Assemblée, il a jugé «pas possible» d’abroger cette mesure, invoquant l’équilibre financier des retraites. Un discours appuyé par un rapport alarmiste de la Cour des comptes, qui prévoit un déficit de 15 milliards d’euros d’ici 2035. Pourtant, 56% des Français souhaitent un retour à 62 ans, selon un sondage Elabe.
Jeudi, seules la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, le Medef et la CPME seront autour de la table pour évoquer pénibilité et usure professionnelle. Mais l’ambiance est plombée. «Avec ces rebondissements, j’ai peur qu’il y ait du changement», confie Pascale Coton (CFTC) à l’AFP. La CFDT, bien que présente, s’affranchit du cadre imposé par Bayrou. «Il a rompu le contrat», déplore Marylise Léon, sa secrétaire générale, décidée à redéfinir les règles.
Face à ce naufrage, le gouvernement s’accroche au dialogue social. «Les règles ne changent pas, nous faisons confiance aux partenaires sociaux», insiste Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail. Mais avec trois défections en trois semaines, le conclave de Bayrou, censé réconcilier les Français avec leur système de retraite, ressemble de plus en plus à une coquille vide.