Résolution pour l’Ukraine : un soutien symbolique qui divise

Les députés français ont adopté une résolution symbolique de soutien à l’Ukraine le 12 mars par 288 voix contre 54, appelant à saisir les avoirs russes et à renforcer l’aide militaire. Les débats ont été marqués par des divisions.
«Lorsqu’on vote la guerre, il faut être capable d’aller la mener. Vous avez des suppléants ? Démissionnez quand nous entrons en guerre et allez au front !» À la tribune du Palais Bourbon, Marc de Fleurian, député du Rassemblement national (RN) et ancien officier de la Légion étrangère, a lancé cet avertissement lors du débat sur cette résolution.
Le député RN @MarcDeFleurian interpelle les "va-t-en-guerre" : "Lorsqu'on vote la guerre, il faut être capable d'aller la mener, vous avez des suppléants, démissionnez quand nous rentrons en guerre et allez au front !"#DirectAN#Ukrainepic.twitter.com/IlT670kuBw
— LCP (@LCP) March 12, 2025
Ses mots traduisent une mise en garde contre l’élan belliciste porté par le gouvernement, les socialistes et les écologistes. Les échanges, parfois houleux, ont mis en lumière un paysage politique français divisé sur la question ukrainienne.
Une Assemblée clairsemée, un gouvernement dépassé
Les débats, qui ont duré plus de six heures, ont mis au jour des divergences marquées. Les macronistes, socialistes et écologistes ont soutenu le texte, rejoints par Les Républicains et Horizons. En face, La France insoumise (LFI) et les communistes ont voté contre, tandis que le RN optait pour l’abstention. Derrière ces choix, des visions opposées. Pour LFI, Bastien Lachaud a dénoncé une violation du droit international : «Les avoirs de la Banque centrale de Russie sont protégés par le droit international. Notre principe est de le respecter, donc on n’y touche pas». Les communistes, eux, ont fustigé «un renforcement du soutien à la guerre», justifiant leur opposition.
"Cette proposition de résolution que nous devons étudier s'apparente en réalité à un renforcement du soutien à la guerre", dénonce le député communiste Jean-Paul Lecoq (GDR).
— LCP (@LCP) March 12, 2025
"Elle vise aussi à faire exister @EmmanuelMacron sur la scène internationale."#DirectAN#Ukrainepic.twitter.com/l9Gc1A7feC
Le RN, de son côté, a pointé un risque économique. Jean-Philippe Tanguy a averti : « Si la Russie réplique, les Français pourraient être perdants. » Marine Le Pen, invitée sur CNews le 13 mars, a renchéri: «Tout ce qui peut être fait pour mettre fin à cette guerre devrait être fait par la France. Malheureusement, elle n’a pas pris cette position». Le gouvernement, prudent, a préféré un «avis de sagesse», sans soutenir la saisie des avoirs. Benjamin Haddad, ministre chargé de l’Europe, a évoqué des «questions juridiques» et des précédents économiques possibles. Pourtant, le macroniste Pieyre-Alexandre Anglade a défendu l’idée: «C’est une manière de faire payer la guerre illégale de Poutine».
Les écologistes et les socialistes, eux, ont affirmé leur soutien à la résolution. Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée et candidat au poste de Premier secrétaire, a insisté sur France 2 le 13 mars: «La position des socialistes est de se tenir de façon constante aux côtés de la résistance ukrainienne.»
La position des socialistes est de se tenir de façon constante aux côtés de la résistance ukrainienne.
— Boris VALLAUD (@BorisVallaud) March 13, 2025
Je souhaite que les ministres français viennent rendre compte plus régulièrement devant le Parlement de la situation et de l'action de la France. pic.twitter.com/2lOZtPgsq5
Adopté dans une Assemblée clairsemée, ce texte non contraignant peine à masquer les divisions.
Un texte à contre-courant
Alors que des négociations émergent entre les parties au conflit, cette résolution défend un soutien accru à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et envisage un déploiement de forces européennes en cas de paix. Elle appelle à intensifier l’aide militaire, politique et économique à Kiev, tout en exhortant l’UE à saisir les avoirs russes gelés pour financer la guerre et la reconstruction. Son poids reste cependant limité, Paris étant largement tenu à l’écart des discussions, dominées par la Russie et les États-Unis.