Souveraineté industrielle : la France investit dans une usine de recyclage des terres rares à Lacq

Souveraineté industrielle : la France investit dans une usine de recyclage des terres rares à Lacq© X
L’entreprise Carester a organisé lundi 17 mars la pose de la pierre de sa nouvelle entreprise, Caremag, sur le bassin de Lacq, destiné à la production d’aimants et recyclage de terres rares.
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Ce 17 mars, la start-up Carester a lancé la construction de l’usine Caremag à Lacq, avec 216 millions d’euros de financements franco-japonais. Objectif : recycler et raffiner des terres rares pour réduire la dépendance européenne face à la Chine, qui contrôle l’essentiel du marché mondial.

La construction de l’usine Caremag a officiellement démarré ce 17 mars à Lacq. Son objectif est de recycler et raffiner des terres rares, des métaux essentiels à la production d’aimants permanents, indispensables aux moteurs de véhicules électriques, aux éoliennes et à l’industrie électronique.

Selon Le Figaro, l’usine emploiera 92 personnes et recyclera chaque année 2 000 tonnes d’aimants permanents, permettant d’extraire 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme). Elle raffinera aussi 5 000 tonnes de concentrés miniers, pour obtenir 600 tonnes de terres rares lourdes (dysprosium et terbium). Cela représenterait 15% de la production mondiale actuelle, dans un marché dominé par la Chine.

La question des terres rares est devenue un enjeu géopolitique majeur. Selon les chiffres du ministère français du Commerce extérieur, la Chine raffinerait aujourd’hui 90% de la production mondiale et fournirait 98% des besoins européens. Pour l’Europe, qui dépend de Pékin pour ces métaux stratégiques, ce projet vise à réduire cette dépendance et à sécuriser ses approvisionnements.

Le président de Carester, Frédéric Carencotte, a déclaré à l’AFP que «ce projet représente une avancée majeure vers l’indépendance de l’Europe en terres rares pour les aimants permanents».

Un financement partagé entre Paris et Tokyo

Derrière ce projet se cache un financement partagé entre la France et le Japon. Sur les 216 millions d’euros investis, 110 millions viennent du Japon, via l’Organisation publique pour la sécurité des métaux et de l’énergie (JOGMEC) et la société Iwatani, selon Marianne. L’État français a investi 106 millions d’euros, sous forme de subventions, d’avances remboursables et d’un crédit d’impôt dans le cadre des programmes France Relance et France 2030.

Cet investissement inclut également des accords commerciaux. Selon Le Télégramme, le constructeur automobile Stellantis a signé un contrat d’achat pour sécuriser une partie de la production de terres rares recyclées. Par ailleurs, 50% de la production de Caremag sera envoyée au Japon, via un contrat signé avec une société de trading japonaise.

Une usine annoncée comme plus respectueuse de l’environnement

Le projet Caremag se présente aussi comme un modèle environnemental. Selon son PDG, cité par Sud Ouest, «mon usine ne rejettera pas d’effluents liquides». De plus, 80% des émissions de CO₂ seront recyclées et les sous-produits, comme le nitrate d’ammonium, seront revalorisés en fertilisants.

D’autres initiatives similaires voient le jour en France. En Isère, la start-up MagREEsource a récemment lancé une usine test de recyclage d’aimants permanents. À La Rochelle, le groupe belge Solvay s’apprête à produire ses premières tonnes d’oxydes de terres rares.

Avec l’implantation de Caremag, la France cherche à réduire sa dépendance aux terres rares chinoises, tout en s’inscrivant dans une dynamique de réindustrialisation et de souveraineté technologique.
Malgré ces efforts, la Chine conservera une avance écrasante dans ce secteur stratégique, une situation qui ne devrait pas évoluer sur le court terme.

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